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Prince Menyu M'Ewondo

12 septembre 2007

Lettre à Mathieu Da Costa mon grand père !

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Lettre à Mathieu Da Costa mon grand père !
lundi 26 mars 2007 Vincent Fouda, Journaliste Socio-politologue

Grand’père, je t’écris de Québec la ville que tu as fondée avec Samuel de Champlain, Sais-tu qu’il n’y a pas de statue pour toi ici, que ton effigie ne flotte nulle part, et que dans les manuels d’histoire il existe un trou sans fond dans lequel n’apparaît point la noirceur de ton visage ? Hier j’ai rencontré un Amérindien dans son parc où il est autochtone à cause de l’accommodement raisonnable mal lu et certainement mal interprété, on veut qu’il s’habille en plume et chante en dansant autour du feu, J’ai rencontré un descendant de la fille du roi et il m’a dit qu’il est Québécois pure laine alors que moi je peine à devenir Québécois pur coton !

Mon cher Mathieu, je suis persuadé que tu ne reconnaîtrais plus le Québec avec ses immenses cathédrales vides et la jeunesse dans la rue, on parle de notre culture comme d’un objet de musée que l’on refuse de dépoussiérer et certain réclame à corps et à cris que l’on enlève au nom même de la laïcité les crucifix du Parlement ! Et à la question de savoir pourquoi ? La réponse est que personne n’y va plus dans les églises et qu’on pourrait les transformer en synagogues et en mosquées puisque les autres, eux y croient.

Mon cher Da costa, j’aurai bien d’autres choses à te raconter sur ma vision du Québec qui n’est malheureusement pas une île coupée du reste du monde, sais-tu que l’autre jour il y a quelqu’un qui a dit que le génocide du Rwanda n’a jamais existé ? Sais-tu qu’il y a des enfants noirs qui caressent au quotidien les ossements génocidaires d’une Afrique chaque jour plus cruelle ? C’est le cas du Darfour et de la Somalie. Hérouxville n’aurait jamais existé si chacun avait fait son job.

Parfois je me demande si le mois des Noirs n’est pas une façon de rendre encore invisible l’ombre qui danse à la lueur de la flamme de notre petite cheminée ?

Je voudrais tellement mon cher Da Costa, que le Québec que tu as contribué à construire découvre la beauté du métissage, car sais-tu que ta petite fille Florence né de mon union avec Marie Josée Tremblay qui vient du Lac Saint Jean, va à l’école avec Mohamed qui vient du Liban, de Sarah Akajesnski qui vient d’Israël – elle me dit qu’elle sera en amour un jour avec Christinara qui vient de l’Inde, mais pour le moment elle est encore trop jeune. C’est une génération qui ne se reconnaît ni pure laine ni pur coton mais tout simplement québécois.

Hier en abordant ma petite Flo chérie, j’ai réalisé qu’il faut juste 30 secondes pour soulever de l’intolérance, mais parfois 30 minutes, 30 mois ou même 30 ans pour se défaire d’un préjugé. C’est mon amie Pauline Côté qui me l’a dit l’autre jour au détour d’une conversation. C’est un avis que je partage, mais par quoi devrions nous alors passer pour réaliser combien de fois il est important de vivre dans un monde où la diversité n’est pas l’éloge de la différence, la critique n’est pas l’opposition.

Je voulais juste partager avec toi ces quelques idées, simplement pour te dire que j’aimerais tellement que la belle province mette chaque jour les habits de ses pères fondateurs pour que toutes les haines et toutes les formes de racisme et de discrimination soient enfin derrière nous, que la fleur de lys soit notre symbole à tous.

Marie-Josée venue du Lac Saint Jean et Moi venu du Cameroun, Flo née de notre union est notre meilleur accommodement raisonnable.

Ton petit fils Vincent Sosthène FOUDA Département de sociologie Université Laval

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12 septembre 2007

Kamerun : Ein Reich, Ein Volk, Ein Führer!

Kamerun : Ein Reich, Ein Volk, Ein Führer!

[Montréal - ] - 10-09-2007 (Vincent Sosthène FOUDA)

Le nouveau gouvernement est un gouvernement de rien nouveau, un mauvais casting qui enferme de nouveau le Cameroun dans des considérations dites d’équilibre régional. Les camerounais auraient souhaité voir une équipe gouvernementale réduite, dévouée.M. Biya a opté pour la continuité dans ce qui paraît pourtant être sa dernière ligne droite. 2011 c’est encore loin, nous devons nous attendre à d’autres gouvernements. Au bout de 25 ans de règne, le Chef de l’Etat se surprend chaque jour à parler de grands projets et de grandes ambitions dans un pays où l’initiative est sous perfusion, l’audace un parjure et l’action un délit. En attendant, la fièvre du vendredi 7 septembre devrait rapidement retomber pour remettre les Camerounais au travail pour des lendemains qui déchantent.

Le nouveau gouvernement est un gouvernement de rien nouveau, un mauvais casting du chef de l’État qui enferme de nouveau le Cameroun dans des considérations dites d’équilibre régional. Les camerounais auraient souhaité voir une équipe gouvernementale réduite, dévouée à un plan gouvernemental et politique préalablement défini ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Cependant, l’on pourrait faire toute une autre lecture de ce réaménagement  de l’équipe gouvernementale notamment avec la sortie du gouvernement des ministres Jean-Marie Atangana Mebara des Relations extérieures et Urbain Olanguéna Awono de la santé. Tous deux candidats élus aux dernières élections municipales respectivement à Mbankomo comme conseiller et tête de liste à Sa’a pour le second. Cette sortie peut être considérée comme une mise à l’écart des animateurs supposés du fameux G11. Si tel est le cas, le chef de l’État vient de donner à Urbain Olanguéna Awono l’occasion de diriger une campagne présidentielle dont Jean-Marie Atangana Mebara en sera le candidat de l’aile moderniste du RDPC.

Nous n’avons pas à juger de la compétence d’une équipe gouvernementale, ni de chacun des ministres pris individuellement. Si les uns et les autres sont au gouvernement c’est qu’ils peuvent et doivent apporter quelque chose au Cameroun, c’est le moins que les camerounais puissent attendre d’eux et de chacun. Le malaise vient du fait que le jeu politique n’est point clarifié et il n’existe aucune feuille de route lisible par tous. Il y a toujours des grands défis pour chaque peuple, pour chaque nation et plus encore pour un pays comme le Cameroun. L’un des défis du Cameroun aujourd’hui est d’asseoir les institutions qui vont faire de lui un État au sens moderne de l’expression, mais pour asseoir ces institutions il faut déjà les mettre en place, et c’est le travail de chacun des paliers du pouvoir dans notre pays. La réalisation de cet objectif passe nécessairement par la maîtrise de l’éducation. Je tiens cette idée de Gellner qui veut que la sécurité, le respect de soi et la dignité des individus s’appuient, de façon typique, aujourd’hui, pour la majorité des hommes et des femmes, sur leur éducation. Les limites de la culture à l’intérieur desquelles ils ont reçu une éducation sont aussi celles du monde à l’intérieur duquel ils respirent moralement et professionnellement. L’éducation ne peut pas se contenter d’être un élément décoratif d’un État-ombre comme nous le vivons en ce moment au Cameroun. L’éducation et par ricochet la culture est dans chaque État moderne et post-moderne ce qui légitime un ordre social. Sans vouloir verser dans les statistiques, rappelons simplement ici la loi de réorientation scolaire du Cameroun d’avril 1998 qui stipule en ses articles 6 et 30 que l’État « assure à l’enfant le droit à l’éducation » et qu’ « Il procède à l’évaluation régulière du système éducatif ». Les résultats aux différents examens officiels au Cameroun n’ont pas été à la hauteur des attentes, environ 28% des enfants du primaire redoublent chaque année, environ 13% d’entre eux abandonnent l’école[1]. Dans une province comme l’Extrême Nord, 26% seulement de filles ont accès à l’école primaire, dans l’ensemble du pays 46% seulement des enseignants sont qualifiés c’est à dire ont été dans une école de formation ENI/ENIA, alors qu’en même temps, beaucoup d’enseignants sortis de ces écoles de formation sont au chômage ! Nous pourrons multiplier des exemples de ce type à l’infini sans pour autant épuiser la liste des attentes du peuple camerounais.

Aux examens officiels on parle d’un taux de réussite de 21% au baccalauréat[2]. Les universités stagnent et les reformes tardent à porter les fruits escomptés. Le corps enseignants se clochardisent au même titre que les fonctionnaires toutes branches confondues.

Le système de fabrication de l’élite est en panne

Le système de fabrication de l’élite dirigeante du Cameroun est à interroger au moment où il est plus que nécessaire de nous orienter vers une exosocialisation de tous nos système, la production et la reproduction d’hommes, de femmes hors de l’unité tribale et ethnique. L’impératif d’exosocialisation est le fil directeur auquel notre pays et son système éducatif doivent, être plus que jamais attachés. Le Cameroun donne l’impression que le lien social est rompu. La fabrication de notre élite complètement désarçonnée d’où d’ailleurs les nombreux détournements de fonds et les nombreuses arrestations. Toute l’élite d’un pays ne saurait se retrouver en prison comme cela semble être le cas au Cameroun aujourd’hui. Faut-il remettre en question le système de nos grandes écoles, notamment l’EMAN et les autres ? Comment expliquer par exemple que chaque promotion à un poste de responsabilité soit aussi une porte vers la prison ? Des ministres d’État qui partent de leur bureau pour la prison ! C’est du déjà vu dans l’histoire de l’humanité mais ce sont des exceptions et quand celles-ci deviennent des règles il est légitime pour un socio-politologue de s’interroger.

Sur le plan économique, ces 12 derniers mois n’ont pas été de tout repos pour la ménagère camerounaise. Le prix des produits de premières nécessités a augmenté de façon exponentielle alors qu’en même temps le pouvoir d’achat des Camerounais est resté stable. Conséquence, les camerounais sont de plus en plus pauvre et l’État de plus en plus muet face à leurs revendications. Le rapport de la Beac du 27 juillet dernier fixe à 4,4% le taux d’inflation par an au Cameroun et quand on analyse ce rapport, on réalise que les secteurs de l’alimentation et des transports constituent à eux deux 41,7% de cette inflation. Le panier de la ménagère est donc vide et se déplacer un véritable défi.

Un gouvernement d’austérité

   

En réduisant le nombre de portefeuille au sein du gouvernement, le Chef de l’État aurait sans doute mis en ordre de bataille son équipe gouvernementale avec un cahier de charge, chacun des ministres aurait été aussi plus visible avec un devoir de rendement. Là, il a opté pour la continuité dans ce qui paraît pourtant être sa dernière ligne droite. 2011 c’est encore loin, nous devons nous attendre à d’autres gouvernements si nous voulons faire une lecture politique pour l’avenir du Cameroun. Le jeu de la succession n’est pas ouvert n’en déplaise à ceux et celles qui voudraient voir le Cameroun connaître une succession douce. Les présupposés dauphins ont été priés d’aller revoir leur copie au quartier tandis que l’équipe mise en place ne légitime ni le premier ministre chef du gouvernement ni l’Assemblée Nationale acquise au RDPC. Aucun député élu n’a été appelé au gouvernement, le rouleau compresseur du monopartisme est en marche car seul l’UNDP de Bello Bouba reste au gouvernement. Le bureau de l’Assemblée Nationale a été reconduit et sa configuration n’a pas changé depuis une quinzaine d’années ! au risque de confondre stabilité à longévité on se risque à une paralysie par manque d’oxygène. Au bout de 25 ans de règne, le Chef de l’Etat se surprend chaque jour à parler de grands projets et de grandes ambitions dans un pays où l’initiative est sous perfusion, l’audace un parjure et l’action un délit. En attendant, la fièvre du vendredi 7 septembre devrait rapidement retomber pour remettre les Camerounais au travail pour des lendemains qui déchantent. 

[1] Chiffre communiqué par Gabriel Siakeu, in http://www.eip-cifedhop.org/eipafrique/cameroun/deperdition.html consulté le 8/09/2007 à 10h.

[2] www.rfi.fr/actufr/articles/032/article_16604.asp consulté le 8/09/2007 à 10h15.

Vincent Sosthène FOUDA Journaliste Socio-politologue Université du Québec à Montréal - Canada


12 septembre 2007

point de vue

Le Cameroun entre deux eaux !

Réaction après le discours du chef de l’Etat à la Nation le 14 août 07

“ Le chef de l’Etat camerounais dans son adresse à la Nation est allé à contre courant des attentes des Camerounais dans leur ensemble. On attendait notamment qu’il annonce l’entrée imminente dans le paysage constitutionnel du Cameroun d’Elecam, l’organe chargé de superviser et d’organiser les élections au Cameroun, la mise sur pied des régions pour remplacer les provinces, le Sénat la deuxième chambre à l’Assemblée nationale etc. Les Camerounais attendaient qu’il prenne acte de leur désintérêt manifeste vis-à-vis de la chose politique.
Que promet-il au Camerounais ? Pas grand chose, sinon rien ! Alors que tout semble au poids mort, l’économie tourne au ralenti, les étudiants ne veulent plus aller à l’école, le pouvoir des ménages est en chute libre, en même temps, le prix des denrées de première nécessité va croissant. L’insécurité est grandissante dans les grandes agglomérations au point où tout le monde se sent en insécurité au Cameroun. Au final nous sommes en face d’un même discours, celui qui consiste à dire que nous sommes dans le meilleur des mondes possibles, nous sommes sur la bonne voie ! Quid des revendications des Camerounais de la diaspora qui demandent la reconnaissance de la double nationalité et surtout le droit de vote. Toutes ces revendication ont animé la dernière campagne et il était nécessaire, voire impératif que le chef de l’Etat dise en avoir pris connaissance.

Le parti au pouvoir bénéficie d’une large majorité à l’Assemblée nationale, il dispose donc de moyens pour mettre sur pied une ligne politique visible sur la base des aspirations du peuple camerounais et de sa propre clairvoyance. Le parti au pouvoir appuyé par le chef de l’Etat a fait campagne sur le thème “ des grandes ambitions ”. Le chef de l’Etat a demandé que le peuple camerounais lui donne une large majorité pour mettre sur pied ses réformes et les appliquer. Malheureusement, au moment de les énoncer, on a comme l’impression que la coquille est vide. Pas une seule fois le chef de l’Etat ne revient sur “ les grandes ambitions ” ; c’est à croire que le sujet est clos comme le fut “Pour le libéralisme communautaire !”

L’opposition quant à elle, sort plus laminée encore ! Les députés de l’opposition, élus du peuple, réussiront-ils à faire entendre un autre son de cloche dans ce qui apparaît déjà comme une chambre d’homologation ? Rien n’est moins sûr et le chef de l’Etat aurait gagné à clarifier les choses notamment en prononçant un discours libérateur qui aurait mis les uns les autres au travail.

Pour ce qui est du gouvernement, le chef de l’Etat ne lui assigne aucun rôle et ne lui attribue aucune fonction. Il dit qu’il va s’atteler dans les prochaines années à exploiter des atouts qui ne sont pas désignés, car les matières premières du Cameroun n’ont jusque-là pas profité aux paysans camerounais, premières victimes des politiques hasardeuses mises sur pied de manière illisible. Finalement, la seule promesse du chef de l’Etat est le maintien de la paix et la stabilité, deux mots qui sonnent faux, car il ne peut y avoir de paix et de stabilité dans un pays où la jeunesse est dans la rue, les femmes et les enfants dans l’incapacité de se faire soigner, les retraités dans l’impossibilité de bénéficier de leur pension de retraite. La scène internationale dessinée par le chef de l’Etat au peuple camerounais n’a aucune réalité pour ce dernier, elle est loin de ses préoccupations premières. Il brandit l’épouvantail de l’instabilité pour conduire le peuple camerounais à la résignation.

Ce discours du chef de l’Etat renforce un système de hiérarchie sociale en vigueur depuis les indépendances et qui connaît son apogée sous le régime Biya. Il renforce le fossé entre “ dominants et cadets sociaux ”, et dissout la passerelle qui aurait pu permettre à un moment donné des échanges entre les deux mondes qui se côtoient sans jamais se rencontrer. Contrairement à ce que pense le chef de l’Etat, le sous-développement n’est pas le produit du développement. Bien au contraire, il est le produit du sous-développement sur le développement, et à ce titre, il est nécessaire de trouver les clefs du développement en interne.


Voilà ce qui aurait dû être la fonction première d’un gouvernement majoritaire, voilà à quoi aurait dû consister le travail de l’Assemblée nationale pour les cinq prochaines années, voilà ce que les différentes couches de la population auraient aimé entendre de la bouche d’un chef d’Etat qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs. Du moins les deux : le législatif et l’exécutif.

12 décembre 2006

Couronne de Lys pour Jean-Paul Desbiens

Décès du «Frère Untel»


FOUDA Vincent Sosthène

Couronne de Lys pour Jean-Paul Desbiens par Vincent Sosthène FOUDA

Jean-Paul Desbiens était avant tout un fils du Québec et c’est à ce titre qu’il a su mettre avec la dernière énergie chaque jour à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux fils et aux filles de cette province si particulière qu’est le Québec. Ce fut un homme gai, drôle, profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes.

C’est ce Québec de la fleur de lys qui pleure aujourd'hui’hui au rythme des cantiques des moines de l’abbaye de Solesmes un de ses plus illustres fils, un homme orchestre au point de figurer parmi les pairs de la Révolution Tranquille, inclassable puisque certains l’ont vu à droite et à gauche parfois au centre dans la vie politique de la province, un cosmopolite puisqu’il a su représenter mieux que quiconque les richesses du Québec à l’Autre. Peut-être alors un jour, la grande communauté d’universitaires québécois saura lui dédier des mélanges.

Peut-être qu’un jour, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, il nous sera permis de saisir toutes les dimensions de cet Enfant Jeannois (Lac Saint-Jean), fils de Métabetchouan. Sa carrière d’enseignant mais et surtout de frère Mariste des écoles, ne l’a pas empêcher de publier une œuvre littéraire féconde composée de pamphlets, de romans, chroniques. Le Frère Untel comme on l’aura le plus connu, à travers sa production littéraire a cherché à réconcilier le Québec avec lui-même, tradition et modernité, mettant d’un élan sincère la femme, l’homme debout pour construire non pas un Québec nouveau mais une société moderne capable de faire face à la modernité comme on peut le lire dans ses Insolences. L’homme apparaît tour à tour pédagogue, moralisateur, éveilleur de conscience mais profondément religieux.

Le Frère Untel était tout ceci à la fois, c'était un enfant du Canada

Il y a des êtres pour qui la vie est un défi, il y a des êtres pour qui l'amour de leur pays est un devoir, il y a des êtres pour qui la foi est un sacerdoce délectable, il y a des êtres pour qui le respect de l'homme est un combat. Jean-Paul Desbiens était de ces hommes là. Un homme qui a su chaque jour de sa vie, mettre à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux autres, un homme gai, drôle profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes. Jean Paul Desbiens a su exporter la culture, les cultures québécoises tel un ambassadeur engagé pour que leurs valeurs et leurs profondeurs soient reconnues. Jean-Paul Desbiens était un fils du Canada, une valeur pour les jeunes générations d’enseignants, de pédagogues, de romanciers, de journalistes, c'était une référence, le Québec perd en lui l'un de ses fils, les plus fidèles, une icône et l'écho de sa disparition résonne avec un goût amer et métallique dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de le rencontrer.

Jean-Paul Desbiens était un fils du monde…

Voici le silence qui devient soupçon, en tenant prisonnier le professionnel du langage, l'artiste de la parole, l'interprète du symbole québécois lui même devenu symbole, l'un des plus illustres fils du Québec s'est éteint, il a contribué au rayonnement international de cette province pleine de richesses, il était devenu lui aussi citoyen du monde. Il a travaillé au rayonnement international de la culture, une culture sans frontière dans une tête bien faite et s’exprimant dans une langue.

Aujourd'hui’hui, un vent souffle, il dit des mots que nul ne comprend. Jean-Paul Desbiens rentre dans le silence contradictoire de l’été sans égarer son regard d’enfant comme pour redonner à tout un chacun le goût de vivre.
C’était un religieux et c’est auprès d’un de ses confrères que je trouve les mots, pour une dernière « marche dans le jardin de la vie », debout sous la nuée, où l’enseignant travaille pour que la culture soit désir de l’autre. Non n’emporte pas les ossements de tes mots, laisse nous leur faim afin que nous puissions nous en nourrir en nous souvenant de ce que tu fus ! L’Insolence.

Vincent Sosthène FOUDA
Département de sociologie
Université Laval

3 octobre 2006

Femme Ebène

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Femme ébène (A Maryse Condé, Bennetta Jules-Rossette,Chantal Momo)

La fraîcheur vespérale pose sur toi
Avec sa douceur et son calme
Et son merveilleux silence
Et son obscurité aux entrailles pleines de mystères
Femme palmier

Du ciel nocturne
Tombe la pénombre
Serpentant ta silhouette
Mystique
Envoûtante
Et les contours sont ceux
D’une terre montagneuse
femme liane

Ravinée
Vallonnée
Profil de l’immortalité
Ecriture avant toute écriture
Dans l’éternité
De l’Afrique préhistorienne
Tracé mystérieux
Sur la paroi de mon coeur
Au milieu de tes eaux d’amour
De la Sanaga

Femme d’ombre
Femme sombre
La nuit sur ton corps
C’est moi
Tu me berces
Tu m’endors
Tu me fraies un chemin
Vers ta butte de Charrier
Où je livre
L’ultime combat
D’une conquête d’amour
Embrasant
Ta vaste pénéplaine du nord
Depuis les hauteurs
De ta buste
Sacrée
Juste dans tes régions reculées
De Joli trou
Où l’incendie s’attisera
Et mourra.

Prince Menyu M'Ewondo

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3 octobre 2006

chant de la beauté négre

Chant de la beauté noire - beauté ébène

Je n'ai promis à personne ce délire...........

Les yeux dans les yeux

Flirtant avec une découverte

Tu étais à la lisière de l'émerveillement

Femme liane venue des déserts du Niger

Dans tes yeux dansent les flammes de l'amour

Dans cet endroit de rencontre solitaire qu'est le dancing

Et le pourtour de tes lèvres rond y était une invite

Au creux de cette lumière tamisée

Que dessinaient bien tes seins

A ton regard j'avais laissé ma colère

Pour m'engouffrer dans l'antichambre de la douceur

Femme palmier dont la beauté chasse la timidité

Femme dont la sérénité fait éclore la beauté

Femme ébène aux lèvres cerise

Femme palétuvier au corps envoûtant

Dansant au rythme de la musique ancestrale mienne

Femmes aux parfums multiples venus du pays des Touaregs

Femme dont la bouche se ferme

 

Pour éclore comme une fleur au printemps

Femme à toi ce clin d'œil

Pour notre vie de demain

Ce bouquet de jasmin

Nous avons le droit de nous poser des questions

Est-ce donc un hasard si du Niger tu es venue à moi ?

Deux fois nous avons franchi l'Atlantique en double sens

Mus par la danse de nos désirs charnels

C'est d'eux que naît le sentiment d'amour

Le parapluie de sécurité se déploie

Au bout du petit matin quand vient l'heure de se quitter

Tu te réveilleras dans mes bras avec ce regard envoûtant

Comme si tu y as toujours été

Il montera autour de nous des parfums d'un été africain

Libéré par le précoce amour de printemps canadien

Qui encadre tous les amours naissants d'hiver

Bombaï, Bombaï est le roucoulement du hibou

Oiseau nocturne de nos corps qui se mélange sorcièrement

Captant au passage notre esprit vif et debout

Enduis d'huiles essentielles d'émerveillement

Je connais alors ton corps dans le rythme que tu imprimes au mien

Les mains moites d'une découverte juvénile

Montent le long de ta colonne vertébrale

Dans un mouvement lent de saisissement

Tu m'as dit vouloir être apprivoisée

Non ! Autour de toi se tisse une toile de liberté

Marquée d'une poussière de neige

Témoin d'un amour aux senteurs de thé

Celui que je voudrais prendre sous un tente

Ce soir je suis venu à toi

Gagné par l'hystérie d'un amour naissant

Et qui sans façon refuse les canaux de la conscience

Il vole, vole comme un oiseau de nuit

femme, voici que pousse sur ta tête

Les plus belles fleurs du temps des amours

Offert de nuit par une main qui se perd dans l'obscurité

Elle se confond à la terre nôtre

Non ! Jee ne l'ai point promis au moment de nous quitter au bout du petit matin

29 septembre 2006

La mort de l’éducation au Cameroun: Le cri d’un sociologue lors des obsèques de l’enseignement au Cameroun

La mort de l’éducation au Cameroun: Le cri d’un sociologue lors des obsèques de l’enseignement au Cameroun

20 SEPT. 2006
© Correspondance

Où va le système éducatif camerounais de la garderie à l’université en passant par tous les systèmes intermédiaires producteurs d’inadaptés sociaux et de chômeurs dont le Cameroun n’a point besoin ?

Oui, hier c’était la rentrée scolaire pour nos poussins au teint chocolat, aux yeux noirs sur fond blanc mélange de vie, au sourire angélique livrés malgré eux aux abattoirs convertis en salles de classe ! Combien sont-ils donc là dedans ? Une bonne centaine me répond madame Valentine Minlo , responsable d’un de ses nombreux abattoirs affublés du titre de maternelle !

Hier mais oui, hier aussi les collégiens et lycéens mots ! Nom ne voulant rien dire ici ont repris les chemins des usines sans production que sont ces non-établissements dans lesquels ils vont se préparer à venir grossir les allées des différents marchés de Yaoundé, Maroua, Ngaoundéré, Ebolowa, Bamenda, Douala, Bafoussam et autres !

(Je ne citerai pas les dix provinces car dans cet exercice il faudra donner les noms des 584 villages qui constitue le triangle que nous reconnaissons comme étant le Cameroun bien que nous soyons très peu nombreux à pouvoir en donner une définition exacte.)

Dans moins d’un mois, 40.000 nouveaux étudiants vont frapper à la porte de la plus parfaite incongruité que sont les universités camerounaises auxquelles s’accrochent des grandes écoles aux contenus aussi vide que le Ventre de l’Atlantique de Fatou Diom. (Je me mets à penser que certains l’on lu, ceux et celles qui en sont capables !)

Je voudrais pourtant trouver des circonstances atténuantes à notre système éducatif, justifier sa torpeur mais ma plume est hache et c’est à la hache comme les boucherons de mon enfance que je travaille. Le temps n’est pas aux circonstances atténuantes ni aux nuances, car « la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleur n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse… ». « Si un homme est en train de dormir dans sa maison en feu, on ne le réveille pas au son de la petite sérénade nocturne de Mozart. On lui hurle de se réveiller, et s’il dort trop dur, on le taloche aller-retour ». Le Cameroun dort depuis trop longtemps, du sommeil mâle des contes-fables de mon enfance ! Le Cameroun est mort ! Permettez-moi de prendre des libertés avec des incohérences métaphoriques ! « Qu’on se le tienne pour dit » comme écrirait M.Ls-Ph. Roy, je me donne des libertés. On fignolera plus tard quand l’ensemble de ceux et celles qui se veulent universitaires, intellectuels, politiques, journalistes, enseignants et élèves, hommes et femmes, paysans et citadins se mettront debout pour prendre part au grand banquet du débat constructeur. Je voudrais dire à mes collègues de tous bords que j’ai surmonté une fois pour toutes la tentation du perfectionnisme. Le perfectionnisme comme le dit Jean-Paul Desbiens « consiste à préférer le néant à l’imperfection ; c’est un autre nom de l’angélisme ». Laissons ces bondieuseries à qui de droit et admettons qu’on n’a jamais les mains sales quand on n’a pas de mains. Notre système éducatif va mal, il agonise, il est mort.

L’enseignement est décédé et c’est à moi que revient le triste honneur de faire son éloge funèbre

Parler de la mort de l’enseignement c’est reconnaître qu’il a existé qu’il est né comme dit Eboussi Boulaga en parlant de nos États-Nations, ils ont une date de naissance comme tout d’ailleurs sur la planète terre.

C’est quoi être un enseignant ? Ce terme mérite plus que tout autre d’être défini, explicité ! Un maître, selon l’étymologie du terme : magister, magis existere. Le maître c’est l’homme qui dispose d’un surplus d’existence, qui a assumé plus de science et surtout plus de valeur qu’un autre homme. Oui il est indispensable, qu’entre 16 et 21 ans, âges et chiffres aléatoires certes mais nécessaires, de pouvoir dialoguer avec un « plus existant ». Et parmi nous, il y en a qui on eu cette chance : ils savent tout ce qu’ils doivent aux hommes et femmes qui furent leurs maîtres. Mais combien sont-ils capables de nommer leur maître ? Mais qu’est-ce que j’entends par maître et comme enseignant j’aime être répétitif ! C’est d’abord et avant tout un homme qui sait, un homme qui a su unifier sa vie autour d’une valeur, un homme, une femme qui aime. S’il enseigne la philosophie, c’est qu’il aime les idées, la Raison, s’il enseigne la littérature c’est qu’il aime la création littéraire et notamment quelques auteurs. Il ne saurait y avoir enseignement sans amour, sans amour de quelques grands morts et certainement des vivants.

N’est-ce pas là le drame du Cameroun ? Qu’est-ce nous nous aimons ? Quand nos créateurs sont transformés en sofa pour une psychanalyse collective ? Une masturbation physique dont notre progéniture est la principale victime !

Le système d’affectation et de mutation des enseignants est tribal et ne contribue pas à la formation d’une cohésion nationale

Est-il superflu d’attirer l’attention du Cameroun puisqu’il est de mauvais ton de faire référence au peuple ? Les dernières affectations et mutations dans le monde des enseignants sont révélatrices de l’état de putréfaction de la dépouille de l’éducation camerounaise qui a, entre autre vocation et obligation, celle d’œuvrer à la construction de l’État-Nation notamment en permettant aux habitants et autres serviteurs de cette institution d’être partout chez eux au service des citoyens. Mais voilà et ça ne m’amuse point de me livrer à cette exercice qui reviendrait mieux aux statisticiens.

Ainsi pour environ les 412 responsables d’établissements secondaires qui changent de poste et ou qui sont promus, chacun retrouve sa province voire son arrondissement quand ce n’est pas son village d’origine de HAMIDOU Emmanuel (mort puis ressuscité sous et par la plume du ministre en charge de l’éducation) qui va au lycée de Meiganga en provenance du lycée de Kaélé en passant par AWOH John AYUK qui va au lycée de Manfé, le constat est le même. Est-ce à dire que l’on est camerounais que dans son village et qu’une fois sorti de ce village l’on n’est plus Camerounais ?

Si personne ne se pose cette question c’est la preuve si besoin est encore que nous ne sommes pas dans un état de mort cérébrale à encéphalogramme plat pour faire honneur à monsieur mon père ! Tout est fini. La copie corrigée par le ministre est encore bourrée de faute et mérite d’être relue. On parle de tripatouillage de liste, ce qui n’a rien à voir avec les affectations tardives, les programmes scolaires mal ficelés et sortis d’un chapeau d’un autre siècle. Tout enseignant sait ce que c’est que l’improvisation donc sans cause finale. Tout enseignant sait à coup sûr ce que c’est que de travailler dans l’improvisation, préparer un cours sans savoir s’il résistera aux caprices du ministre et de son équipe, l’incertitude d’un programme qu’on ne peut point achever. Les abeilles se font voler leur miel à mesure qu’elles le sécrètent ; les professeurs se font voler leur préparation de classe à mesure qu’ils l’écrivent. Tout le Cameroun redevient analphabète par volonté politique ! Pourtant comme j’aimerais rendre hommage à ce vieil homme qui me dit un jour alors qu’il me regardait déguster les poèmes de Césaire : « C’est pas drôle de pas savoir lire ; on vit à tâtons », c’était dans un taxi de brousse sur la route d’Ossoé-mimbang. Pauvre vieil homme ! Si tu pouvais imaginer que très peu de camerounaises et de camerounais savent lire et écrire ! Que tout le Cameroun vit à tâtons !

Comment guider des élèves quand le hublot de la cornette est hermétiquement clos ?

L’échec de notre système d’enseignement est le reflet d’un échec, c’est à dire d’une paralysie de la pensée elle-même. Cet échec est incarné par ceux et celles qui dit-on devraient penser. Personne n’ose penser au Cameroun. Du moins personne n’ose prendre le risque de penser tout haut, comme des cailles et des taupes, chacun se terre. J’ouvre donc un monologue, ce qui est le commencement de la folie, je m’engage donc sur les sentiers de la folie, je me fiance à elle.

Il nous faut interroger les enseignants ! Eux qui excellent dans la pureté et la stérilisation ; l’orthodoxie et le silence, la quête de la sécurité matérielle à venir ! On s’imagine alors « qu’il n’y a qu’un seul moyen de marcher droit, ne jamais partir ; un seul moyen de ne pas se tromper, ne rien chercher ; un seul moyen de ne pas se perdre, dormir » ! Cet échec nôtre, oserons-nous comme enseignant le saisir en son point névralgique, au cœur de son cœur ? Je ne brandis point l’épouvante mais sachons que les factures de l’Histoire finissent toujours par rejoindre leurs débiteurs et tout vous désigne, tout nous désigne, notre responsabilité est grande et beaucoup d’enseignant entrés à l’Ecole Normale par la petite porte n’ose pas écrire. La raison ? Ils savent qu’ils ne savent pas et ce qu’ils savent ils le savent mal ! C’est quoi la solution ? Il faut renvoyer tout le monde à l’école y compris les inspecteurs pédagogiques et les ministres qui les nomment et après on pourra ré-ouvrir boutique.

Voilà un pays dit-on, Une République dans laquelle toutes et tous portent fièrement la muselière !

Les orientations et autres directives des différents ministères chargés de l’enseignement et ou de l’éducation, de la recherche et autres, oui ces orientations sont inintelligibles quand elles existent et aujourd’hui prennent aux yeux des enseignants et surtout des élèves et étudiants une valeur folklorique. Qu’est ce que cet enseignement désossé ? Non patriotique ! Voilà le mot car il ne saurait exister d’enseignement non incarné, dés-incarné c’est-à-dire qui ne prend point chair dans un lieu, un corps précis.

Nos écoles disent quoi du Cameroun ? Cette question n’a pas seulement à voir avec l’instruction civique, les langues, les sciences dites dures, l’histoire et la géographie, elle est aussi hautement métaphysique. Depuis une trentaine d’années, nos écoles ont cessé de s’interroger sur ce qui est important et nécessaire pour la construction du Cameroun. Ceci relève de l’incompétence et de l’irresponsabilité d’une grande partie de notre personnel enseignant ; et enfin, de l’incompétence et de l’irresponsabilité des différents ministères chargés de l’éducation et ou des enseignements. Aujourd’hui il est difficile pour tous de savoir et de dire qui fait quoi ? Quand et Comment ? Le dire va au delà des conflits d’hommes et de leurs incompétences, voire de leurs compétences ! Il y en a, ceci relève d’un système, du système malade, moribond et mort.

L’incompétence des institutions émerge de la bouillie de programmes dans laquelle nous nous débattons de la maternelle à l’université, du collège au lycée, de l’enseignement général à l’enseignement technique. Cette incompétence se reconnaît à ceci : ne s’étant jamais engagé clairement à quoi que ce soit, nos ministres et leurs ministères se réservent toujours la possibilité de triturer, de revenir en arrière, de se renier, (l’exemple le plus parfait de ce que j’affirme, ce sont les affections à la veille de la rentrée scolaire, les deux responsables du ministère qui se battent pour des positions tribales.) sans qu’on puisse jamais mettre la main sur un vrai responsable. Quand on n’a pas de compte à rendre au peuple alors on peut prendre des libertés avec l’Histoire Temporelle.

Manque d’imagination et Propositions concrètes

Nos responsables à toutes les échelles manquent singulièrement d’imagination et la volonté politique elle-même est morte dans les pratiques sorcières et de soumissions sexuelles dans lesquelles se reconnaît la République. Nous nageons en plein surréalisme !

Créer deux classes intermédiaires entre le lycée et l’université afin de préparer les élèves à faire des choix de carrière – préparation aux concours des grandes écoles (qui elles-mêmes doivent être restructurées) ceci va désengorger les universités, stimuler les lycéens – faire de nos écoles et autres institutions éducatives des lieux de préparation à l’emploi et non des usines à former des diplômés improductifs et incompétents (je ne demande pas des classes préparatoire comme en France qui obéissent à l’organisation sociétale de ce pays) mais des Collèges d’Enseignement Général, Technique et Professionnel CEGTP, qui permettront à nos jeunes bacheliers de se positionner par rapport au marché du travail, au besoin de la société camerounaise, aux logiques de carrière dans la fonction publique – les grandes écoles seront donc des laboratoires d’expérimentation de ses CEGTP car leurs portes leurs seront ouvertes par voie de concours avec BAC + 2 pour le cycle B de l’ENAM, l’Ecole Normale, Polytechnique, Ecole des Postes, Esstic, Travaux Publics, CUSS, EMIA, et autres. Nous réhabiliterons le DEUG bien qu’étant déjà passé au système LMD plus par suivisme (nous soutenons cette réforme, mais elle aurait dû se faire en tenant compte des besoins du Cameroun en matière de formation et de développement).

Au cours de la formation des Instituteurs, Instituteurs Adjoint, professeurs de lycées général et technique, rendre obligatoire la mobilité dans la formation, c’est-à-dire que si l’on a été en première année à l’ENI/ENIA de Ngoumou que l’on fasse sa deuxième année où tout au moins la moitié de celle-ci dans une autre école ceci permettra une harmonisation des programmes de formation car toutes ces écoles visent à la formation des jeunes camerounais et non à la formation des habitants de telle ou telle localité, distincte de l’ensemble du pays. Les élèves fonctionnaires de l’enseignement habitués dès l’école à la mobilité découvriront ainsi le Cameroun et en parleront en toute connaissance de cause à leurs élèves le moment venu.

Un bachelier de 16 ou de 20 ans est-il apte à faire un choix de carrière ? Ma réponse est dubitative et plus que négative ! Donnons leur le temps de réaliser que l’on va à l’école pour avoir un emploi plus tard et non pour occuper un poste. Voilà un autre de nos problèmes ! Occuper un poste sans faire carrière parce que l’on ne travaille pas. Ce n’est qu’en travaillant que l’on pose les bases d’une carrière car on reconnaît la qualité de sa formation, ses imperfections et certainement on éprouve le désir de la dépasser, de proposer autre chose, de donner une impulsion nouvelle à ses ambitions, c’est cela faire carrière. Permettez que je me fasse un peu historien, lorsque la première école fut ouverte officiellement au Cameroun en 1845 par le pasteur Alfred Sacker, elle n’avait pas de but à atteindre, elle avait juste un précipice à éviter. Nous savions où ne pas aller ; on n’avait pas clairement décidé où aller. La première racine du malaise présent plonge jusque là. L’éducation au Cameroun a été conçue comme une machine à évitement ; un tuyau d’échappement. Aujourd’hui nous devons oser liquider cet héritage de confusion et de porte-à-faux. Incompétence et irresponsabilité sont les deux bâtards engendrés dès l’origine par madame la confusion et son maquereau, le porte-à-faux.

Aujourd’hui plus qu’une mission, donnons ensemble une vocation à l’Ecole si nous voulons que demain chacun des enfants d’aujourd’hui soit acteur c’est-à-dire actif demain. Osez, osons porter la plume au bout de nos idées et de notre action car pensée et action ici doivent se marier, alors soyons tous témoins de ces épousailles.

Vincent Sosthène FOUDA
Chercheur à l’Institut de la Communication Politique
Sociologue
Université de Laval à Québec
Dernier ouvrage paru : Eglises chrétiennes et Etats-Nations en Afrique : un couple tenté par l’adultère, Paris, L’Harmattan, 2005.




1.- Directrice d’une Maternelle à Biyem Assi dans la banlieue de Yaoundé.

2.- Ces chiffres sont communiqués par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune sous la plume de Yves Atanga. Il note aussi que l’année académique dernière, les universités camerounaises comptaient 105.297 étudiants pour l’année académique 2005-2006. Cameroon Tribune du 06 septembre 2006. Dans le même article, les mots du ministre de l’enseignement supérieur adressés aux six recteurs des six universités d’Etat ou publiques sonnent creux, vides comme ceux de ses prédécesseurs avant lui. Il n’y a aucune proposition et je les reprends ici." inventivité, ingéniosité et maîtrise de la culture managériale… " Le ministre peut-il nous dire ce qu’il met derrière et à l’intérieur de chacun de ses adjectifs ? Sinon rien, la cagnotte est vide, désespéramment vide. Non il tourne en rond. De quelle ingéniosité parle le ministre quand dans la version anglaise de Cameroon Tribune, Peter Efande nous rappelle que l’Université de Buéa, (seule université camerounaise calquée sur le système anglo-saxon !), ne peut accueillir que 3.100 étudiants et qu’aujourd’hui il y a le double qui frappe à la porte soit 6.500 étudiants. La solution, semble-t-il, dans le même article est la construction d’une salle de classe disons pour faire universitaire un amphi pouvant contenir 700 étudiants ! Mais où allons nous ?

3.- Voir liste disponible dans Mutations et signé le 2 septembre 2006 par Monsieur Bapès Bapès Louis.

28 juin 2006

Etre Camerounais

La communauté nationale comme il convient de la nommer s’apprête à commémorer son retour à un « État-Unitaire » c’est-à-dire qu’après plusieurs années de séparation, des hommes éclairés ont amené les camerounais à se reconnaître dans les emblèmes que nous avons et connaissons aujourd’hui. Pour les socio-politologues, on parlerait volontiers d’une unité symbolique étant donné que la république est incarnée par les symboles forts dans et en lesquels chacun peut se reconnaître mais aussi qui amènent la communauté internationale à nous reconnaître.

Mais voilà une république comme un État-Nation ne sont pas sui generis, c’est une conquête de tous les jours et de tous les instants avec la fabrication de nouveaux symboles qui viennent consolider les bases de ce qui existe déjà.

La France, l’un des modèles des républiques dont s’inspire le Cameroun pour des raisons qui seraient longues à évoquer ici, se gargarise des succès de Joakim NOAH le fils de Yannick mais personne au Cameroun ne semble revendiquer la camerounéité (je préfère par rapport à camerounité ) de ce garçon ! Je l’expliquerai certainement un jour si les linguistes me posent la question. Ce n’est point le basketteur que l’on revendique, c’est le citoyen simplement afin que la république demain puisse mieux protéger ses citoyens. L’on ne protège que celui qu’on connaît et dont on peut revendiquer la paternité et la filiation.

Un État-Nation c’est aussi la capacité des uns et des autres à mobiliser tout leur capital au sens où Bourdieu utilise ce mot c’est-à-dire l’ensemble de ressources et de pouvoirs effectivement utilisables, économiques (biens, revenus, capital), culturel (qualifications, éducation), social (ensemble des relations sociales, réseaux), ou symbolique (prestige, honneur). Où en sommes-nous ?

La justice camerounaise comme je le soulignais il n’y a pas longtemps a refusé il y a quelques semaines d’ouvrir le débat sans doute nécessaire de ce que j’appelle la soumission sexuelle au Cameroun pour la fabrication de la nouvelle élite, par la même occasion, elle a pris la responsabilité de museler la presse avec un passage en force d’une loi à l’Assemblée Nationale sur la restriction des libertés de la presse qui oblige les journalistes à citer et à dénoncer leurs sources d’information ! Par le même temps, le ministre des finances poursuit en justice certains directeurs de publication !

Tout n’est pourtant pas si mal au Cameroun mais il convient de nous interroger sur notre degré d’engagement pour la construction de notre pays. Est-ce seulement avec les galas que nous allons construire notre pays ? Qu’est-ce qui justifie que beaucoup de fonctionnaires camerounais de la catégorie A2 de la fonction publique quittent de plus en plus le Cameroun comme de simples voleurs et autres débrouillards pour vivre de petits boulots hors des frontières nationales ? Toutes ces questions, chacun de nous doit se les poser car là se trouve l’identité d’un peuple, elle se construit avec tous mais aussi avec chacun. Il n’y aura jamais un moment où l’on dira « ça y est ! Nous avons fini de construire le Cameroun ! »

La maison Cameroun se construit tous les jours et chacun doit veiller à ce que ce qui est construit aujourd’hui ne soit détruit dans la nuit par les ennemis de la république, c’est ce que j’appelle la préservation des acquis. Autour de nous, nous voyons des hommes, des femmes, des enfants se battre pour leurs droits, nous devons réaliser que ceci est souvent au prix de nombreux sacrifices ! J’entends les « camerounais » dire « oui, aujourd’hui notre problème c’est celui de la survie » expression sans doute sérieuse mais qui oblige certains à s’enfermer dans leur solitude et leur refus d’engagement. C’est ensemble que nous construirons le Cameroun alors à tous et à chacun, l’épreuve du miroir althussérien pour découvrir notre appartenance à ce Cameroun qui se construit tout les jours.

QU’EST -CE QUE L’ETAT, QU’EST-CE QUE LA NATION ?

Sous-jacent à ces questions qui peuvent nous paraître tellement éloignées des besoins et des réalités de nos peuples-populations et de nos individus-citoyens, se pose la question de la définition et de la conception de l’Etat et de la Nation deux réalités construction historique et construction théorique. Lors d’un entretien que j’ai accordé à madame Louise Pom de la CRTV il y a trois mois, je me suis trouvé en difficulté pour répondre à cette question pourtant si claire et si simple : Qu’est-ce que l’État ? « Communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte pour le groupe envisagé dans des rapports avec ses membres une puissance suprême d’action, de commandement et de coercition », tel que l’entend Carré de Malberg ? L’État en Afrique devrait se définir suivant les théories et les empiries locales. Entité institutionnelle héritée de la colonisation ayant une réalité politique et institutionnelle au sein de laquelle une communauté, rurale et urbaine, instruite et analphabète tant à se reconnaître. Car suivant le lieu, la localité, le milieu dans lequel on se trouve, l’État n’a pas la même définition, la même réalité tant physique que symbolique et les populations n’en ont pas la même perception. Cette définition a le mérite de souligner la double acception de la notion d’État, qui correspond à un mode d’organisation sociale territorialement défini et à un ensemble d’institutions caractérisées par la détention du monopole de l’édiction de la règle de droit et de l’emploi de la force publique pour le politique et l’institutionnel et d’autre part le mérite de la compréhension pour les populations. L’État dans sa définition étymologique renvoie à la notion stabilité et de permanence. Où en sommes-nous ?

ET LA NATION ?

Réalité à nouveau abstraite, mythologique mais logique d’où la nécessité d’écrire mytho-logique, de construction d’un « nous-commun » au sein duquel se tisse le lien social. La Nation contrairement à ce qu’on a pu penser est une réalité qui a besoin d’un encrage territorial c’est-à-dire étatique. La réalité empirique vient aussi mettre à mal l’idée de Nation, dans ce qu’elle a de fondamentalement d’unité et de cohésion, sinon d’uniformité pour laisser éclore une énorme diversité, de races, d’ethnies de classes. Face à ce vaste océan, une chose reste réelle en Afrique et au Cameroun en particulier c’est la réalité de l’État-Nation en tant que donné construit, l’État-Nation tel qu’il se dessine en Afrique et dans tous les pays anciennement colonisés ne saurait être sui generis, ni accidentel, il a été savamment pensé par les colons, hérité par les pères des indépendances et cet héritage se transmet aujourd’hui de génération en génération par tous les canaux anciens et modernes de transmission d’héritage et des savoirs. C’est ce qui fait aujourd’hui que l’État et la Nation soient deux réalités étroitement liés et qui ne trouvent leur pleine expression que dans les nouveaux pays d’Afrique et d’Amérique latine. Oui, les philosophes des lumières, les théories du contrat social ont apporté théoriquement des justificatifs de l’existence de l’État : garant de l’ordre social, marquant le passage de l’état de nature avec ce qu’on lui connaît à l’état civil dans lequel chacun est libre en obéissant à la loi de tous. L’établissement du Peuple en un corps politique, la Nation détentrice de la souveraineté, notifie aujourd’hui mieux qu’hier la conception de l’État en le soumettant au principe démocratique. La réalité empirique se vit donc dans nos jeunes États et le mérite du Cameroun se doit d’en faire partie. Je reste persuadé comme socio-politologue que les populations de ce territoire État-Nation en formation qu’est le Cameroun, réalité à la fois historique et construction théorico-politique saura fédérer sans les dissoudre les différentes forces centrifuges pour permettre à tout un chacun de vivre les valeurs de démocratie et de respect des uns et des autres, de compréhension et d’apprivoisement de concepts fondateur du « nous-commun » | Vincent Sosthène Fouda , Journaliste Socio-politologue | Université de Laval / Québec

28 juin 2006

La déviance et la soumission sexuelles au Cameroun

Vincent Fouda: Au Cameroun déviance sexuelle et soumission sexuelle vont de pair

[ Ottawa - Canada ] ( 6/06/2006) M. Mba Talla

Dans le cadre de ses grandes entrevues, Icicemac.com est allé à la rencontre de Vincent Sosthène Fouda. Journaliste, politologue, philosophe et sociologue tel un compositeur qui requiert chaque instrument pour composer sa partition, le Dr. Fouda conjugue les disciplines.Dans cette oeuvre multiforme, on garde le cap sur l’Afrique notamment quand il parle de « la notion de réussite et d’échec dans la filiation adoptive, analyse juridico-sociologique » (L’Harmattan 2001). Deux autres ouvrages toujours chez le même éditeur rendent compte de la « construction de l’État-Nation en Afrique noire » et analysent le rôle de l'Etat comme « garant de la raison ». Le sociologue veut se servir du travail scientifique pour éveiller les consciences. Nous avons rencontré ce combattant pour parler avec lui de l’Afrique et du Cameroun en particulier.

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M. Mba Talla : Ces dernières semaines, le pays tout entier a été  secoué par une liste d’homosexuels présumés, parue dans des journaux camerounais. Que vous inspire la vraie –fausse affaires des Homos ? 

Vincent Sosthène FOUDA : Je répondrai en deux temps à votre question, car elle me semble assez complexe selon qu’on est au Cameroun et camerounais, selon que l’on est à l’extérieur et appartient à la communauté des lecteurs internationaux au prix de la libre circulation de l’information.

Il y a un air du "Bikutsi bouffe" au Cameroun arrosé au sang des innocents, avec une finalité avouée, l’aliénation le peuple au point de l’interné ! La communauté internationale comme certains organismes bien crédibles mais mal informés sont amenés à soutenir l’insoutenable. Il faut être fou pour penser que les journalistes camerounais qui sont poursuivis aujourd’hui par un certain nombre de hauts cadres de la gestion des affaires au Cameroun, ont pris des noms au hasard parce qu’ils voulaient faire chanter telle ou telle personnalité de la vie politique, économique et religieuse du Cameroun. Il y a cependant eu une pauvreté de vocabulaire et un manque de définition ethnologique et anthropologique des termes et sans doute un manque d’analyse sociologique de la situation. J’ai personnellement participé au débat mais avec le recul je me suis rendu compte que le mot « homosexuel » n’était pas approprié, je l’ai souligné mais certainement pas suffisamment. Une certaine presse occidentale notamment à coup de publireportage a jeté l’opprobre sur les journalistes ou ceux qui se veulent comme tel mais un publireportage comprenons nous bien c’est l’argent du contribuable camerounais qui est donné à un magazine pour affirmer que tel ou tel n’a rien à voir avec les fameuses listes. Vous pensez que c’est sérieux ?

Il n’existe pas au Cameroun un problème d’homosexualité, le fait d’ailleurs que la justice refuse de dépénaliser l’homosexualité découle d’une certaine volonté politique non pas de protéger la société contre je ne sais quoi mais plutôt de mystifier et de « mythifier »la pratique de soumission sexuelle tout comme on le fait avec la politique, tout pouvoir est divin, mythique et mystique, il n’y a pas de frontière entre les deux.

Selon vous pourquoi la justice camerounaise a refusé il y a quelques semaines d’ouvrir le débat sans doute nécessaire de ce que  vous appelez  la soumission sexuelle ?

La pénalisation de l’homosexualité vise à l’intériorisation des pulsions corporelles d’une part, à garder ces pratiques comme rite d’admission dans le cercle de ceux qui nous gouvernent. Entendons-nous bien, la dépénalisation permettra et j’en suis certain, de parler publiquement de questions sexuelles et même avec les enfants. On ferait ainsi leur éducation car derrière les pratiques sexuelles de soumission se trouve un problème plus grave qui est celui de la pédophilie.  Il faut comprendre que la sexualité avec ses corollaires, ses déviances, ses détournements, comme la pédophilie et les pratiques sexuelles de soumission au Cameroun sont des secrets que l’État, l’Eglise, les sociétés secrètes utilisent comme des instruments de Pouvoir. La dépénalisation de l’homosexualité cèdera la place à une autre manière de se comporter et de parler plus franche et plus réaliste, rien ne sera plus tabou surtout pas la politique et l’exercice du pouvoir.

Il convient au Cameroun de parler de déviance sexuelle mieux encore de soumission sexuelle pour la promotion et la fabrique de l’élite et ceci à tous les niveaux et lorsque des juges demandent aux journalistes d’apporter des preuves, ils devraient commencer par définir ce que l’on entend par preuve dans le monde du droit et de la justice et ensuite dans celui du journalisme. Que fait-on de la protection des sources pour les journalistes ?

Les peines auxquelles ont été condamnées les prévenus sont la preuve si besoin est que la justice camerounaise a voulu béatifier et canoniser ceux qui ont été jetés en pâture par la presse. Mais le problème reste le même et il est réel, une certaine catégorie de Camerounais, prise dans le tourbillon des « cercles aujoulatistes » a choisi d’avilir la conscience collective. Oui au Cameroun, il existe des pratiques sexuelles initiatiques qui sont un mélange de rites initiatiques traditionnelles et d’un syncrétisme de sociétés exotériques d’origine occidentale telles que

la Rose Croix

et

la Franc

maçonnerie pour ne citer que les plus connues. Le cannibalisme à des fins politique existe par exemple au Gabon, à chaque approche d’une consultation électorale on assiste à la disparition des jeunes enfants que l’on retrouve deux ou trois jours après mutilés ! Que manque-t-il à ces corps inertes ? Les parties génitales. En Afrique du Sud, le viol de jeunes filles d’origine indou pour se prémunir ou guérir contre le Sida existe, ce sont des pratiques africaines qu’il faut dénoncer, très souvent il est difficile d’apporter des preuves contre ces pratiques.

Le président Biya, dans son message de fin d’année, a martelé, s’agissant de l’enrichissement scandaleux de certains membres du régime : “Il faut que cela cesse ! ”. Les interpellations d’anciens gestionnaires de sociétés d’Etat,  et ministre de la création d’une Chambre des comptes et d’une Commission nationale anticorruption (Conac) ont suivis ne disposant ni de pouvoirs de sanction, ni de moyens propres pour assurer son indépendance de décision. Pensez-vous que le président Biya ira aussi loin  dans sa cette croisade annoncée contre la corruption ?

Depuis bientôt trois ans, je mène des enquêtes de terrain pour essayer de comprendre le phénomène de la corruption au Cameroun et en Afrique. Je le situe à plusieurs niveau pour faire court : Il me semble que la lutte contre la corruption devraient concerner tous les Camerounais du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, toutes les catégories socio-professionnelles sont concernées. Il me semble que nos sociétés, à solidarité mécanique, prisonnière d’un Etat providentiel ont du mal à passer dans le monde moderne avec ses exigences, notamment pour ce qui est de la gestion des personnes et des ressources économiques. Le Président Biya, aura beau marteler ce qu’il veut, si la population n’est pas éduquée, si l’Etat tel que nous l’avons jusque là considéré n’opère pas une véritable révolution copernicienne, alors il nous restera encore du chemin à faire. Il y en a qui on tiré sur les fonctionnaires, j’aimerais apporter un élément de contradiction dans ce concert de voix. Il est normal que les fonctionnaires camerounais soient riches le contraire serait inquiétant. L’État-Nation camerounais est basé sur l’administration, le fonctionnariat, le corps des fonctionnaires et des agents de l’État est le plus gros pourvoyeurs de fond à l’État, au niveau des impôts et des services. J’ai lu un papier d’un avocat camerounais qui est scandalisé par ce fait alors que le corps des avocats camerounais est un des corps le plus flou du Cameroun ! Il y a des gens qui pensent que l’on peut plaquer sur les pays africains des concepts, des pratiques et des théories pensés pour d’autres peuples et d’autres civilisations ! Oui l’Afrique et le Cameroun en particulier donne l’impression de n’avoir jamais philosopher pour son propre compte.

Selon vous quelle sont les faces  de la corruption au Cameroun ?

Pour mieux me faire comprendre par vos lecteurs, chaque fois que l’on utilise « un pouvoir, un bien public à des fins privés », c’est de la corruption. Donc nous pouvons situer ces pratiques à deux niveaux et elles n’épargnent personne. Les revendeurs qui veulent avoir plus que la valeur marchande réelle de l’objet proposé, les fonctionnaires et agents de l’Etat indélicat qui puisent dans les caisses de l’Etat, ceux qui expatrient les devises de

la République

soit pour s’acheter des villas dans des pays occidentaux dans lesquels certainement ils n’iront pas vivre. Pour moi tout ceci n’a qu’un visage c’est l’incapacité de l’homme camerounais à faire face à la modernité. Nous nous voilons parfois la face en disant avec fierté que le « mot » corruption n’existe pas dans plusieurs de nos langues africaines, l’encyclopédie a retenue l’expression camerounaise « politique du ventre » pour parler de la corruption ! Le service public devrait déjà cessé d’être un lieu de rencontre des ressortissants de telle ou telle autre localité pour devenir un lieu où l’on rend service à l’usager contre une rémunération à la fin du mois, laquelle nous est versée par l’Etat qui lui-même prend cet argent des impôts que le contribuable que nous sommes lui verse. Si nous sommes tous capable de le comprendre alors nous aurons fait un pas de géant dans la lutte contre la corruption.

M. Biya peut-il efficacement combattre la corruption et la mauvaise gestion publique lorsque que l’on sait que de nombreux ministres encore en poste et autres les  directeurs généraux de sociétés disposent de fortune dont-ils ne peuvent justifier l’origine ?

Pour moi le problème n’est pas celui de la justification des fortunes mais celui de la restitution des biens du peuple à l’Etat ; des biens de l’Etat. Il y a un système qui a longtemps prévalu, celui de la non séparation et de la confusion des caisses au Cameroun en raison des mécanismes que j’ai expliqués plus haut. Le concept d’Etat-Nation nous est étranger avec tout ce que cela entraîne, sa conceptualisation, je veux parler des théories qui le fondent et des pratiques qui le légitiment. Nous vivons dans des sociétés à solidarité mécanique qui obligent les gestionnaires des crédits publics à se soucier plus du devenir d’un village voire d’une famille à celui de tout un peuple.

The image “http://www.editions-harmattan.fr/auteurs%5Cimages%5Cfouda_vincent_sosthene.jpg” cannot be displayed, because it contains errors. Le Journaliste  et sociologue Vincent Fouda

Les choses changent et le Président Biya avec car, au dessus de sa tête pend désormais l’épée de Damoclès ; l’épée du temps, au terme de ce mandat il ne pourra plus se représenter à l’élection présidentielle.

Les directeurs généraux de sociétés, les ministres et autres gestionnaires sont chacun en ce qui le concerne responsable devant la justice et d’autres devant le parlement, jusqu’à présent ces deux institutions n’ont pas pleinement joué leur rôle, aujourd’hui devant la pression des institutions internationales, les choses bougent mais pour qu’elles changent la dynamique devrait venir de l’intérieur. Le mouvement devrait être senti, subi et compris par tous ce n’est qu’à se prix que se construit et se consolide un Etat-Nation.

Que pensez-vous des marches organisées par certains dignitaires du RDPC  en faveur de « l’opération épervier » ?

Ils chantent avec les loups, c’est le travail des militants d’un parti en Afrique mais c’est  ridicule quand des universitaires et autres pseudo intellectuels et « dignitaires » envoient des motions de soutien, ils ne sont plus dans leur rôle.

C’est là un grand facteur de pessimisme pour l’avenir de notre pays ! Le rôle terrible des intellectuels dans leur grande majorité. Je trouve que c'est une faillite. C’est la course à l’échalote ! Au dolet national si vous permettez ! C’est la ruée au poste et l’on est tous pris jusqu’à la vente de son âme au diable, on danse avec les loups, j’ai du mal à croire à une telle déconfiture. L'univers médiatico-journalistique des intellectuels médiatiques ou des journalistes intellectuels, tout cet univers-là est globalement parvenu à un état de soumission qui est pathétique et très souvent dans la bonne foi : c'est un effet d'ignorance ou d’une volonté d’ignorance. Les intellectuels camerounais ne connaissent rien à la réalité sociale ou feignent de l’ignorer, ce n’est pas demain qu’on verra les universitaires, les syndicats, dans la rue dans un vaste mouvement social. Les universitaires camerounais suivent en fait le plus offrant. Lorsque des dignitaires descendent dans la rue pour soutenir telle ou telle opération, même s’ils sont membre du Parti au pouvoir j’estime qu’ils ne sont plus dans leur rôle. Vous savez 80 à 90% de ceux et celles qu’on nomme « dignitaires » sont tous membres du parti au pouvoir et lorsqu’on organise une opération « main pauvre » dans la gestion des affaires de l’Etat, ils sont les premiers visés, s’ils sont de nouveau les premiers à descendre dans la rue non pour protester mais pour soutenir, il y a là quelque chose de surréaliste !

Dans une entrevue donnée à Jeune Afrique Economie  en 1992, Robert Messi Messi avait brandi des preuves qui mettaient directement en cause le Président Biya  au sujet de la dilapidation des fonds de l’État. Comment  le Socio-politologue que vous êtes  peut-il expliquer  la  volonté tardive du Président  de s’attaquer à la  corruption ?

Les déclarations de Robert Messi-Messi n’étaient une bombe que pour les enfants que nous étions à l’époque. J’ai parlé plus haut des sociétés à solidarité mécanique qui sont les nôtres, l’entourage du chef de l’Etat comprend tous les membres de sa familles proches et éloignés, ses amis y compris tous ceux et toutes celles qui sont nommés par lui pour la gestion de la chose publique. C’est à ceux-là qu’incombe la bonne marche des institutions et de ce qui leur est confié. Quand vous connaissez l’Afrique et le Cameroun en particulier, vous devez savoir que les gestionnaires sont responsables de leurs indélicatesses dans un premier temps parce qu’ils sont là non pour la bonne gestion de ce qui leur est accordé mais pour « servir » celui qui les a nommé. Ils sont là parce qu’ils font partis de ce que j’appelle les « sujets de l’élite fabriquée. » Monsieur le directeur Robert Messi-Messi est quand même celui qui a fait couler l’une des banques majeures du Cameroun, c’est lui qui m’a fait prendre conscience qu’en Afrique et au Cameroun en particulier l’on ne va pas à l’école pour travailler par la suite mais pour occuper un poste !

Qu'est ce qui explique aujourd'hui le retour en arrière que tente d’opérer le gouvernement sur le champ de la liberté de la presse?

La pléthore des journaux dans les kiosques ne signifie pas la liberté de la presse, la pléthore de partis politiques ne signifie pas la démocratie ! Il faut faire très attention, au Cameroun le nombre de partis politiques est proportionnel au nombre d’ethnies ! La démocratie est un jeu d’organisation permettant l’alternance, la participation du plus grand nombre, la prise en compte des aspirations des uns et des autres parce que personne n’a la science infuse. Les populations ne sont pas pour la plupart dotées d'instruments d'analyse qui leur permettraient de comprendre ce qui se passe, ils tombent dans tous les panneaux en toute bonne foi et en grande partie par ignorance. J’ai personnellement vu le rôle qu’on joué les médias dans l’alternance au Sénégal, le Président Diouf quoi qu’on dise ne pouvait pas ou plus confisquer le pouvoir alors que le monde entier grâce aux radios FM émettant depuis le Sénégal diffusaient bureau par bureau les résultats du scrutin. La mondialisation des institutions, de l’information fait peur aux dictatures et à ceux et celles qui nous gouvernent. Quels que soient les résultats des enquêtes diligenter par les uns et les autres, beaucoup on compris que rien ne sera plus comme avant et c’est en cela que la plainte du Ministre de l’Economie et des Finances est indécente, c’est une absurdité, un mépris du peuple camerounais mais c’est typiquement camerounais et on ne saurait trouver d’équivalent dans aucun autre pays dans le monde. Le but de tous ces procès est de bâillonner la presse, terroriser le peuple et enfin tuer dans l’œuf les soupçons de révolution douce décelée ça et là. Un projet de loi beaucoup plus sévère a été déposé à l’Assemblée Nationale par le gouvernement car c’est ainsi au Cameroun c’est le gouvernement et lui seul qui a l’initiative de proposition de loi. L’Assemblée Nationale devient alors une chambre d’enregistrement de ces lois qui ne tient point compte des réalités de vie de l’immense majorité de camerounais et camerounaises.

Vincent S. Fouda

Les journalistes ont fait leur travail c’est au peuple aujourd’hui à se mobiliser pour eux ! A Paris j’ai signé des pétitions pour la libération des journalistes prisonniers en Irak, le peuple camerounais devrait soutenir la presse, les directeurs de publication, signer des pétitions, organisez des marches au lieu de laisser la machine écomico-politique, les détenteurs du pouvoir symbolique tout anesthésier. Regardez le problème des magistrats, on leur a confié des dossiers et j’ai personnellement pensé que nous devions assister à une espèce de prise de pouvoir par les juges mais non ! Ils ont béatifié et canonisé à tour de bras ! Il y a un concubinage flagrant entre les différents pouvoirs au Cameroun, Les Eglises, l’exécutif, le législatif et le judiciaire ! C’est le Ministre de

la Justice

qui met à la disposition de

la Justice

une liste de personnalités à interpeller après avoir permis à certains proches de quitter le Cameroun ! Comment expliquez vous que l’ancien fondé de pouvoirs de

la Société Immobilière

du Cameroun ait échappé à la justice ? Il est normal de s’interroger sur ses connections avec le Ministre d’Etat en charge de

la Justice.

  Qu’est-ce qui justifie que beaucoup de fonctionnaires camerounais de la catégorie A2 de la fonction publique quittent de plus en plus le Cameroun comme de simples voleurs et autres débrouillards pour vivre de petits boulots hors des frontières nationales ?

C’est la faillite de tout le système ! L’Etat et ceux qui l’incarnent sont en faillite, il faut être aveugle pour ne pas le voir. Chaque année c’est des centaines de fonctionnaires de la catégorie A2 qui quittent le Cameroun certains au sortir des écoles de formation, ENS, Polytechnique, ESSTIC, Ecole des Postes, etc non pas pour se perfectionner mais pour tenter de « s’en sortir » ! Est-il seulement pensable que dans un Etat comme

la France

, d’ Enarques, de Normaliens et d’ X partent à la fin de leur formation alors même qu’ils ont été préparés pour construire et diriger le pays ? Aujourd’hui l’Etat Camerounais s’autojuge mais de la pire des manières ! Comme je l’ai signalé plus haut. Le Vice-premier ministre en charge de la justice organise des réunions pour savoir qui interroger, qui incarcérer et qui laisser en liberté ! L’opération commencée malheureusement n’apportera pas grand chose excepté si les Camerounais et les bailleurs de fonds restent vigilants. 

Dès son arrivée à la tête l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic) en septembre 2005, le Pr. Laurent Charles Boyomo Assala  à procéder à la modification des dénominations de certaines structures dans l’institution de cette institution. Quel regard jetez –vous sur cette institution ?

L’ESSTIC est en voie de redressement comme bien d’autres instituts au Cameroun qui ont à leur tête des hommes et des femmes qui nous inscrivent dans une dynamique de construction. Il y a des initiatives à soutenir et les reformes de l’ESSTIC entreprises par son directeur en font parties. Vous savez, il y a au Cameroun un certain nombre d’école qui a l’origine étaient appelé à jouer un rôle majeur dans la zone CEMAC, ce sont Polytechnique, l’ENAM, L’Ecole des Postes et Travaux Publics, l’ISJ devenu ESSTIC aujourd’hui et tout récemment le Centre de Formation d’Ekounou pour

la CRTV. Ces

Ecoles et Instituts ont besoin d’avoir à leur tête des visionnaires et des hommes de courage, d’audace. 

Quinze  années après les premières élections au Cameroun, quelle évaluation faites-vous de ce processus de démocratisation ?

Le Cameroun est une dictature douce, c’est la plus terrible des dictatures, le monstre le plus froid de tous les monstres froids dont parle Nietzsche à l’ouverture du 20è siècle ! Nous n’avons pas encore mis sur pied les infrastructures devant et pouvant permettre des élections libres et démocratiques. J’ai parlé plus haut d’un multipartisme anarchique favorisé à la fois par un pouvoir qui n’a aucun intérêt à voir les choses changer et par une opposition irresponsable qui singe le pouvoir et n’aspire qu’à faire la même chose que lui et peut-être en pire. D’autre part, les grandes théories de la démocratie occidentale ne collent pas aux réalités africaines d’une société et d’une population analphabètes de ces théories. 

Quel regard jetez-vous sur le mélodrame  qui a lieu actuellement au sein du Sdf, de la disqualification des autres partis comme pôles de contestation et d’alternative  du régime RDPC ? Doit- on dire  conclure comme Celestin  Monga  que  ‘L’opposition a trop longtemps sous-estimé M. Biya"?

Je n’ai jamais cru à l’opposition camerounaise et ce qui se passe au sein du SDF vient me conforter dans cette position. Nous avons une opposition de circonstance dont le seul projet, le seul but et la finalité est l’exercice du pouvoir en dehors de tout programme d’action politique et de toute formation et sensibilisation des citoyens à la chose politique. Tout se passe comme si l’on voulait simplement dire « Nous voulons que Paul Biya parte et nous nous arrangerons entre nous après ». Ce n’est pas ça faire de la politique. Maintenant je ne crois pas véritablement que la machine RDPC soit responsable de la déliquescence du SDF.

Entrevue réalisée par M. Mba Talla à Quebec, Canada

Partie II à lire jeudi sur icicemac.com

• Vincent Sosthène Fouda est diplômé de l'Ecole de Journalisme de Lille - Diplômé de Sciences Politiques - Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l'Information et des Bibliothécaire (ENSSIB). Docteur en Sciences Politiques, il est actuellement professeur de sociologie à l’Université Laval au Québec, est auteur de plusieurs articles scientifiques et de plusieurs ouvrages tous publiés aux éditions L’Harmattan dont :

1- EGLISES CHRÉTIENNES ET ETATS-NATIONS EN AFRIQUE :Un couple tenté par l'adultère, novembre 2005

2-LES MÉDIAS FACE À

LA CONSTRUCTION DE

L'ETAT-NATION EN AFRIQUE NOIRE : UN DÉFI QUOTIDIEN AU CAMEROUN, janvier 2004

3--NOTION DE RÉUSSITE ET D'ÉCHEC DANS

LA FILIATION ADOPTIVE

Analyse juridico-sociologique, octobre 2002

21 mai 2006

Hommage à Francis Bebey

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Un homme qui a su chaque jour de sa vie, mettre à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux autres, un homme gai, drôle profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes.

Francis Bebey était lui aussi, un enfant d'Afrique...

Cette Afrique là pleure aujourd'hui un de ses plus illustres fils, un homme orchestre, inable et cosmopolite, peut être un jour, la communauté universitaire lui dédiera t-elle des mélanges. Peut être qu'un jour, il nous sera permis de saisir toutes les dimensions de cet Enfant Noir, fils du Wouri. Sa carrière de chanteur, auteur-compositeur, journaliste et musicologue ne l'a pas empêché de publier une œuvre littéraire féconde, composée de romans, chroniques, contes et poèmes. Francis Bebey à travers sa production littéraire a cherché à réconcilier tradition et modernité comme on peut le lire dans son premier roman le Fils d'Agatha Moudio (Lauréat du Grand prix littéraire noire). Dans son conte Les Révélations de la chambre noire, l'homme apparaît alors ironique en abordant cependant des sujets complexes. Il y brosse le portrait d'un marabout voisin de sa famille, vulgaire escroc qui s'en vient raconter ses rêves de mauvais augure pour extorquer l'argent des naïfs.

Francis Bebey était tout ceci à la fois, c'était un enfant du Cameroun...

Il y a des êtres pour qui la vie est un défi, il y a des êtres pour qui l'amour de leur pays est un devoir, il y a des êtres pour qui la foi est un sacerdoce délectable, il y a des êtres pour qui le respect de l'homme est un combat. Francis Bebey était de ces hommes là. Un homme qui a su chaque jour de sa vie, mettre à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux autres, un homme gai, drôle profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes. Francis Bebey a su exporter la culture, les cultures camerounaises tel un ambassadeur engagé pour que leurs valeurs et leurs profondeurs soient reconnues. Francis Bebey était un fils du Cameroun, une valeur pour les jeunes générations de musiciens, de musicologues, de romanciers, de journalistes, c'était une référence, le Cameroun perd en lui l'un de ses fils, les plus fidèles, une icône et l'écho de sa disparition résonne avec un goût amer et métallique dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de le rencontrer.

Francis Bebey était un fils du monde...

Voici le silence qui devient soupçon, en tenant prisonnier le professionnel du langage, l'artiste de la parole, l'interprète du symbole africain lui même devenu symbole, l'un des plus illustres fils d'Afrique s'est éteint, il a contribué au rayonnement international de ce continent plein de mystères, il était devenu lui aussi citoyen du monde. Il a travaillé au rayonnement international de la culture, une culture sans frontière dans une tête bien faite. Moi qui marche à pas chancelant sur le chemin que tu as tracé, je ne peux que le faire par respect.

Voici le silence qui devient soupçon, en tenant prisonnier le professionnel du langage, l'artiste de la parole, l'interprète du symbole africain lui même devenu symbole, l'un des plus illustres fils d'Afrique s'est éteint, il a contribué au rayonnement international de ce continent plein de mystères, il était devenu lui aussi citoyen du monde. Il a travaillé au rayonnement international de la culture, une culture sans frontière dans une tête bien faite. Moi qui marche à pas chancelant sur le chemin que tu as tracé, je ne peux que le faire par respect.


21 mai 2006

De l’intégration au club Med

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De l’intégration au club Med il n’y a qu’un pas à faire et ce pas doit enjamber hélas la République. Ce pas a été donc franchi par plus d’un électeur les 21 et 28 mars derniers pour élire les conseillers régionaux chargés de mener des politiques de proximité, notamment en gérant au quotidien, les établissements scolaires, les transports en commun etc. Toutes ces choses qui permettent aux contribuables toute origine confondue de savoir où vont et comment sont gérés ses impôts.

Mais voila, si au final, la gauche s’en dire avec une vingtaine de régions dans la métropole ne laissant à la droite que l’Alsace, cette unicolore ; le rouge ne rend pas la France multicolore.

En effet le tour des régions fait par un habitant de Chicago qui visite la France aura du mal à voir des soupçons d’intégration. Où sont passés les cent trente deux mille étrangers qui furent régularisés entre 1981 et 1990 ? Où vivent les français d’origines maghrébine et noire africaine ? Où vit la grande communauté asiatique dont on dit nombreuse en France !

Le tour de France des différents Conseils Généraux montre si besoin est encore de la marginalisation dont souffrent ces populations.

Lille dirigée par la socialiste Martine Aubry est aujourd’hui à 55 minutes de Paris, à 25 minutes de Bruxelles et à trois heures de Londres. Cette ville essentiellement minière jusqu’aux années 80 est aussi pionnière en matière d’immigration. Les Flamands chassés de Belgique par la crise du 19ème siècle y ont trouvé refuge et développé l’industrie du textile. Les Polonais, les Italiens, les marocains et les noirs africains vivent ici en parfaite harmonie, ce pourrait donc être la ville de la diversité ainsi qu’on peut le remarquer au marché de Wazemmes.

La configuration du Conseil Général vient rappeler au pas de course qu’il ne faut pas s’y méprendre !

Sur les 78 conseillers régionaux élus selon la répartition suivante : 43 élus pour le PS, 10 pour le PC et 26 pour l’UPN (Union pour le Nord) représentant la droite, pas un seul noir, pas un seul maghrébin pour côtoyer les blonds, les bruns, les yeux bleus, Bernard Derosier (PS) préside un Conseil de Flamands et de Picards.

Ce constat est le même dans toute la France de Lyon à Marseille, de Paris en Alsace, de l’Auvergne à l’Aquitaine.

Mais de quoi souffre donc la France ? Du string ou du voile islamique, de sa laïcité ou de son incapacité à se régénérer ? De ses problèmes de mœurs ou de son incapacité à regarder en face sa propre réalité dont l’exclusion semble être le maître mot de sa classe dirigeante ! Vous avez dit intégration ? Club Med.

24 janvier 2006

Livre: Médias, Etat, Emois

Livre : Médias, Etat, émois

Alliance NYOBIA

[14/12/2005]

Un essai s’intéresse au rôle des médias dans les constructions étatiques sur le continent noir.

Il s’agit de science politique. Comme le lecteur pourrait donc s’y attendre, les mots et concepts utilisés dans l’ouvrage de Vincent Sosthène Fouda semblent rebutants au premier abord. Le titre du livre lui-même n’est pas déjà facile : " Les médias face à la construction de l’Etat-Nation en Afrique noire : un défi quotidien au Cameroun ". Pourtant, l’essai, qui court sur près de 180 pages, ne manque pas d’intérêt. En raison notamment des questions qu’il pose : quel est le rôle des médias dans l’émergence de la conscience nationale ? Ces médias sont-ils les acteurs de la formation d’un espace public ou alors un vecteur du discours nationaliste ?

L’intérêt vient également du fait qu’à travers le livre, le lecteur aborde des notions comme l’Etat-Nation, le nationalisme, etc. qui font partie des concepts ayant structuré les discours et la pensée politique des années pré et post-indépendance. En le faisant, il replonge aussi dans l’histoire de cette époque, marquée par des remous politiques, syndicaux ou autres, émanations, pour quelques-unes, de l’esprit nationaliste naissant. Mais l’auteur prévient : son ouvrage " est loin d’être une encyclopédie sur les mouvements nationalistes qui ont bâti les Etats-Nations en Afrique ". Il présente son livre plutôt comme " une tentative de mener une réflexion dans l’optique des sciences politiques, des faits et des idées, mais aussi des mentalités au phénomène national dans ses racines, ses développements, ses conséquences voire ses perversions (…) ". Tout un programme.

L’ouvrage, dont la mise en page rend la lecture aisée — malgré des paragraphes parfois longs — se divise en deux principales articulations. La première se penche sur la formation de l’Etat-Nation (entre autres choses, l’origine et l’évolution du concept en Afrique noire sont abordées). La seconde est intitulée " Le rôle des médias : concepteur et acteur de l’espace public au Cameroun ". Décidément féru d’histoire, l’auteur rappelle comment les médias ont vu le jour dans " l’univers politique et social camerounais dominé par l’Eglise et l’administration française ", avant de s’intéresser au " paysage audiovisuel camerounais aujourd’hui ", lequel sort d’une " longue période de musellement ". Cette nouvelle liberté est sans doute ce qui permet aux médias de participer à " la formation d’un espace public au sein duquel va s’enraciner la conscience nationale ". Mais bien avant ce rôle relativement récent, la radio, " apparue au Cameroun en 1941 ", a participé, souligne Vincent Sosthène Fouda, " à l’émergence de la conscience nationale et à sa consolidation " dans notre pays. Comme rôle, ce n’est pas rien.

"Les médias face à la construction de l’Etat-Nation en Afrique noire : un défi quotidien au Cameroun", Vincent Sosthène Fouda, L’Harmattan, Paris, octobre 2003, 179 pages.

24 janvier 2006

Délire d'une rencontre incertaine

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Vincent.pps

(A Salamatou de Tois-Rivières)

Je n’ai promis à personne ce délire………..

Les yeux dans les yeux

Flirtant avec une découverte

Tu étais à la lisière de l’émerveillement

Femme liane venue des déserts du Niger

Dans tes yeux dansent les flammes de l’amour

Dans cet endroit de rencontre solitaire qu’est le dancing

Et le pourtour de tes lèvres rond y était une invite

Au creux de cette lumière tamisée

Que dessinaient bien tes seins

A ton regard j’avais laissé ma colère

Pour m’engouffrer dans l’antichambre de la douceur

Femme palmier dont la beauté chasse la timidité

Femme dont la sérénité fait éclore la beauté

Femme ébène aux lèvres cerise

Femme palétuvier au corps envoûtant

Dansant au rythme de la musique ancestrale mienne

Femmes aux parfums multiples venus du pays des Touaregs

Femme dont la bouche se ferme

 

Pour éclore comme une fleur au printemps

Femme à toi ce clin d’œil

Pour notre vie de demain

Ce bouquet de jasmin

Nous avons le droit de nous poser des questions

Est-ce donc un hasard si du Niger tu es venue à moi ?

Deux fois nous avons franchi l’Atlantique en double sens

Mus par la danse de nos désirs charnels

C’est d’eux que naît le sentiment d’amour

Le parapluie de sécurité se déploie

Au bout du petit matin quand vient l’heure de se quitter

Tu te réveilleras dans mes bras avec ce regard envoûtant

Comme si tu y as toujours été

Il montera autour de nous des parfums d’un été africain

Libéré par le précoce amour de printemps canadien

Qui encadre tous les amours naissants d’hiver

Bombaï, Bombaï est le roucoulement du hibou

Oiseau nocturne de nos corps qui se mélange sorcièrement

Captant au passage notre esprit vif et debout

Enduis d’huiles essentielles d’émerveillement

Je connais alors ton corps dans le rythme que tu imprimes au mien

Les mains moites d’une découverte juvénile

Montent le long de ta colonne vertébrale

Dans un mouvement lent de saisissement

Tu m’as dit vouloir être apprivoisée

Non ! Autour de toi se tisse une toile de liberté

Marquée d’une poussière de neige

Témoin d’un amour aux senteurs de thé

Celui que je voudrais prendre sous un tente

Ce soir je suis venu à toi

Gagné par l’hystérie d’un amour naissant

Et qui sans façon refuse les canaux de la conscience

Il vole, vole comme un oiseau de nuit

Salamatou, voici que pousse sur ta tête

Les plus belles fleurs du temps des amours

Offert de nuit par une main qui se perd dans l’obscurité

Elle se confond à la terre nôtre

Non ! Jee ne l’ai point promis au moment de nous quitter au bout du petit matin

16 juin 2005

Vincent Sosthène FOUDA parle de Francis Bebey

Hommage à Francis Bebey

Francis Bebey était tout ceci à la fois, c'était un enfant du Cameroun…

Vincent Sosthène Fouda

Un homme qui a su chaque jour de sa vie, mettre à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux autres, un homme gai, drôle profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes.

Francis Bebey était lui aussi, un enfant d'Afrique…

Cette Afrique là pleure aujourd'hui un de ses plus illustres fils, un homme orchestre, inclassable et cosmopolite, peut être un jour, la communauté universitaire lui dédiera t-elle des mélanges. Peut être qu'un jour, il nous sera permis de saisir toutes les dimensions de cet Enfant Noir, fils du Wouri. Sa carrière de chanteur, auteur-compositeur, journaliste et musicologue ne l'a pas empêché de publier une œuvre littéraire féconde, composée de romans, chroniques, contes et poèmes. Francis Bebey à travers sa production littéraire a cherché à réconcilier tradition et modernité comme on peut le lire dans son premier roman le Fils d'Agatha Moudio (Lauréat du Grand prix littéraire noire). Dans son conte Les Révélations de la chambre noire, l'homme apparaît alors ironique en abordant cependant des sujets complexes. Il y brosse le portrait d'un marabout voisin de sa famille, vulgaire escroc qui s'en vient raconter ses rêves de mauvais augure pour extorquer l'argent des naïfs.

Francis Bebey était tout ceci à la fois, c'était un enfant du Cameroun…

Il y a des êtres pour qui la vie est un défi, il y a des êtres pour qui l'amour de leur pays est un devoir, il y a des êtres pour qui la foi est un sacerdoce délectable, il y a des êtres pour qui le respect de l'homme est un combat. Francis Bebey était de ces hommes là. Un homme qui a su chaque jour de sa vie, mettre à profit ses propres connaissances pour mieux les transmettre aux autres, un homme gai, drôle profondément humaniste qui a mis ses qualités au service des hommes. Francis Bebey a su exporter la culture, les cultures camerounaises tel un ambassadeur engagé pour que leurs valeurs et leurs profondeurs soient reconnues. Francis Bebey était un fils du Cameroun, une valeur pour les jeunes générations de musiciens, de musicologues, de romanciers, de journalistes, c'était une référence, le Cameroun perd en lui l'un de ses fils, les plus fidèles, une icône et l'écho de sa disparition résonne avec un goût amer et métallique dans le cœur de ceux qui ont eu la chance de le rencontrer.

Francis Bebey était un fils du monde…

Voici le silence qui devient soupçon, en tenant prisonnier le professionnel du langage, l'artiste de la parole, l'interprète du symbole africain lui même devenu symbole, l'un des plus illustres fils d'Afrique s'est éteint, il a contribué au rayonnement international de ce continent plein de mystères, il était devenu lui aussi citoyen du monde. Il a travaillé au rayonnement international de la culture, une culture sans frontière dans une tête bien faite. Moi qui marche à pas chancelant sur le chemin que tu as tracé, je ne peux que le faire par respect.

Par Vincent FOUDA, journaliste-politologue I.C.P. de Lyon (2, chemin de la boube - 69100 Villeurbanne)

Voici le silence qui devient soupçon, en tenant prisonnier le professionnel du langage, l'artiste de la parole, l'interprète du symbole africain lui même devenu symbole, l'un des plus illustres fils d'Afrique s'est éteint, il a contribué au rayonnement international de ce continent plein de mystères, il était devenu lui aussi citoyen du monde. Il a travaillé au rayonnement international de la culture, une culture sans frontière dans une tête bien faite. Moi qui marche à pas chancelant sur le chemin que tu as tracé, je ne peux que le faire par respect.

16 juin 2005

Entretien avec Vincent Sosthène FOUDA (A propos de "Notions de réussite et d'échec dans la filiation adoptive"

ENTRETIEN AVEC VINCENT SOSTHÈNE FOUDA (À PROPOS DE NOTIONS DE RÉUSSITE ET D’ÉCHEC DANS LA FILIATION ADOPTIVE)



Il ne faut pas traverser la vie en courant. Il faut la traverser en marchant, en laissant ses empreintes. Mon message aux Africains, et aux Camerounais en particulier, c’est d’habiter cette France, de l’imprégner de leurs connaissances

imagazine: Vous venez de publier aux éditions L’Harmattan, Notions de réussite et d’échec dans la filiation adoptive. Quelle est la genèse de ce livre ?

Vincent Sosthène Fouda : Ce livre, comme je le dis déjà en introduction, est venu du simple fait de mes discussions avec l’une de mes tantes qui souhaitait agrandir sa famille. Le sujet est rapidement devenu une préoccupation pour nos réunions de famille.
Et, en fonction de ça, je me suis demandé s’il n’était pas grand temps pour moi de réfléchir sur l’adoption. Il se trouve qu’en travaillant dans un laboratoire à Sciences politiques – qui est un laboratoire des analyses quantitatives et qualitatives, donc un laboratoire de sociologie - j’ai proposé au directeur de ce laboratoire d’essayer de réfléchir de mon côté sur une notion sociologique et juridique qui est l’adoption : dans ses phases d’échec ou de réussite. Parce que c’est bien beau d’avoir un enfant mais à quel moment on peut se poser la question de savoir si l’adoption faite est une réussite ou alors à quel moment on se rend compte qu’elle est un échec. Dans un troisième temps, la loi sur le PACS avait laissé entrevoir une ouverture pouvant permettre aux couples homosexuels d’adopter.
Du coup on s’est retrouvé à la Cour européenne des droits de l’homme avec de nombreuses plaintes contre l’Etat français. Dans un chapitre de ce livre je m’interroge sur ce que c’est que le bonheur d’un enfant. Est-ce que c’est un bonheur par rapport aux parents ? Est-ce que c’est un bonheur par rapport à son épanouissement ? Et quelle est l’image de la famille qu’on donne aujourd’hui à un enfant ?

imagazine: Quel est votre regard de Camerounais sur le système français d’adoption ?

Vincent Sosthène Fouda : Je dois avouer qu’en tant que Camerounais mon regard sur le système français d’adoption n’a pas beaucoup joué. Je me suis simplement appuyé sur les textes de loi français pour pouvoir élaborer un argumentaire. Mais, avec du recul, je me dis que l’adoption en France est née de ce qu’on a appelé le Code Napoléon. Napoléon qui n’avait pas d’héritier a voulu en avoir un. Et donc on a mis une loi en place pour permettre à celui qui n’avait pas d’enfant de pouvoir donner son nom à un enfant.

En tant que Camerounais ça me paraît tout à fait aberrant parce que au Cameroun un enfant on ne le donne pas. Il existe un système d’homonymie en Afrique, et au Cameroun en particulier : on a un homonyme. On peut s’occuper de son éducation, mais l’enfant reste profondément ancré dans sa famille d’origine.

Parce que c’est là finalement qu’il rentre dans une généalogie. On naît fils ou fille de quelqu’un en Afrique et on descend de cette longue lignée. C’est ça qui vous inscrit dans une généalogie. Tandis qu’en France, c’est un nom ; le nom que vous portez qui vous inscrit dans une famille. C’est pour cela d’ailleurs que la famille française est très réduite.

Parce que adopter un enfant, si on avait raisonné en Africain, signifie lui donner d’abord des grands-parents, des oncles, des cousins… or en France ça ne se passe pas comme ça : la famille reste très nucléaire. C’est le père, la mère et les enfants. Donc il peut arriver – et le cas s’est présenté dans certaines familles où effectivement on a pu avoir des mariages qui à l’analyse de la loi pourraient paraître des mariages incestueux – qu’un enfant adopté finisse par épouser un cousin plus ou moins éloigné dans la famille, mais qui, généalogiquement, porte le même nom que lui.

imagazine : Quel pourrait être l’apport philosophique de ce livre dans le débat en France sur l’intégration ?

Vincent Sosthène Fouda : Je dirai d’abord qu’en tant qu’universitaire africain vivant en France, j’ai voulu montrer que nous étions capables – en tant qu’Africains - de réfléchir sur des sujets franco-français. Vous me parlez d’intégration. Effectivement, on parle beaucoup d’intégration en ce moment. On parle même du contrat d’intégration et de tout ce que vous voulez. Mais en réalité, qu’est-ce qu’il y a de plus grand que de réfléchir sur la base de la société française, c’est-à-dire la famille ?

Moi j’ai voulu, et je suis très fier de l’avoir fait parce que j’en ai discuté avec un certain nombre d’universitaires : c’est la première fois qu’un intellectuel africain accepte d’aborder de front un sujet franco-français et mène son travail jusqu’au bout. Concernant les lois Sarkozy, je pense qu’il faudrait qu’on arrive à comprendre que l’Africain qui vit en France a des choses à dire, a un point de vue à donner.

Mais qu’il a besoin d’un espace médiatique, d’un espace intellectuel, d’un espace de recherche pour pouvoir mener à terme ce qu’il a à dire. Vous allez vous rendre compte que tout le premier chapitre est entrecoupé de proverbes africains. Car, au bout du compte, la France n’est-elle pas ce grand carrefour où se rencontrent finalement toutes les cultures venues d’Océanie, d’Afrique, des Caraïbes, des Antilles… et qui se retrouvent dans ce que le Français parisien appelle la métropole pour donner une parole qui pourra permettre à la France de mieux avancer dans ce processus d’intégration dans lequel elle s’est engagée avec les autres Etats de l’Union européenne.

imagazine : quel message voudriez-vous délivrer à la diaspora africaine en france ?

Vincent Sosthène Fouda : Le premier message que je voudrais leur délivrer c’est que nous sommes tous à l’extérieur. Et parce que nous sommes tous à l’extérieur, nous devons nous intéresser à ce qui se passe à l’extérieur. C’est en France… Il me semble que dans la vie il y a toujours des options à faire. Quand on décide de quitter son pays, on décide d’aller à la conquête d’un espace qu’on ne connaît pas. Une fois qu’on arrive dans cet espace, il faut l’habiter.

Il ne faut pas traverser la vie en courant. Il faut la traverser en marchant, en laissant ses empreintes. Mon message aux Africains, et aux Camerounais en particulier, c’est d’habiter cette France, de l’imprégner de leurs connaissances - car ils apportent déjà beaucoup à la France sur le plan économique : il y a des chefs d’entreprise, sur le plan intellectuel : il y a beaucoup d’universitaires africains, sur le plan culturel, sur le plan sportif… tout le monde sait ce que les Africains font pour la France. Mais il faudrait qu’ils le fassent en Africains, en montrant que c’est la synthèse des cultures finalement qui fait la richesse de cette France qui nous accueille.

imagazine : Etes-vous satisfait de votre parcours d’intégration en France ?
Vincent Sosthène Fouda : Je ne pourrais pas dire que je suis satisfait par ce que j’ai atteint aujourd’hui. Parce que je dois avouer que quand je suis arrivé en France il y a quinze ans – et je vais sur ma trentaine : donc le temps que j’ai passé en France est exactement égal à celui que j’ai passé en Afrique -, je m’attendais à bien d’autres choses. Je dis toujours aux gens, je suis un Gréco-latin d’autant plus que je ne compte plus le nombre de textes latins que j’ai traduits à l’école. Quand je suis entré à l’école de journalisme, j’ai étudié dans le système français de journalisme.

Quand je suis entré à Sciences Po c’est la politique française que j’ai étudiée. Mais au sortir de l’école j’ai constaté que nous n’étions pas logés à la même enseigne. Au sein de l’Union européenne, la France c’est le pays qui accueille le plus mais c’est aussi celui qui intègre le moins. Je commence à recevoir des invitations étrangères, notamment d’universités canadiennes et de l’université américaine de San Diego. En visitant ces pays-là je découvre qu’il y a un réel processus d’intégration.

Je pense que c’est par manque de vocabulaire qu’on parle d’intégration en France. En France on a besoin d’une assimilation. Or l’assimilation tue par essence ce que nous sommes. Nous devons, à mon avis, faire la synthèse des cultures. Cheikh Hamidou Kane s’interrogeait dans L’Aventure ambiguë (ndlr : paru aux éditions 10/18) en disant : « Ce que nous laissons vaut-il ce que nous allons acquérir de l’autre côté ? » Cheikh Hamidou Kane arrive à un constat : nous sommes installés aujourd’hui à califourchon entre deux civilisations qui nous rejettent sans cesse. Une culture africaine que nous maîtrisons moins et une culture occidentale qui nous accepte moins.

Je crois que nous n’arriverons à un réel processus d’intégration – je parle des deux côtés : que ce soit du côté de la France ou de celui des Africains qui viennent vivre en France – que quand nous aurons su faire la synthèse des cultures, la quintessence des cultures. Prendre ce que nous avons de richesses dans les cultures qui nous ont vu naître et prendre ce qu’on trouve de beau dans ce pays de l’Illiade qui nous accueille. Je dis toujours aux gens que mon écriture n’est pas négritude ; ma raison n’est pas hellène. C’est un champ universel.

imagazine: Quel est ton point de vue sur les mariages mixtes ?

Vincent Sosthène Fouda : Quand je passe dans la rue et que je rencontre un couple de Noirs : une jeune fille noire dans les bras d’un jeune noir, je dis qu’ils ont ramé fort pour arriver où ils sont. Et quand je suis en face d’un couple bi-national, je le regarde avec beaucoup d’admiration et puis je dis, ils ont fait un mariage de raison. Parce que effectivement pour mieux vivre en France – ce n’est qu’en France qu’on voit ça – il faut faire un mariage bi-national. C’est dommage, mais c’est aussi ce que nous livre la réalité.

Je suis universitaire, je vais faire mes courses dans une grande surface. Quand une alarme sonne, un client comme moi s’avance et me demande si je suis le vigile. Ca ne m’est jamais arrivé en Angleterre. Pour la simple et bonne raison que tous ceux qui sont en Angleterre sont d’abord considérés comme des Anglais.

Tous ceux qui vivent en France sont d’abord considérés comme des régionaux, comme venant des îles… C’est-à-dire qu’on a d’abord une étiquette régionale. Et je crois que c’est peut-être la centralisation de l’Etat jacobin qui fait ça. C’est-à-dire qu’en réalité on a créé un Etat central avec des accents très régionaux. Et donc on est toujours Lyonnais comme on est Alsacien ou Breton… Alors, si je vous demande d’où vous êtes, vous répondrez peut-être comme j’ai entendu un musicien antillais le faire l’autre jour : je suis de l’Ile-de-France.

Propos reccueillis par Nicolas A.
IMAGAZINE


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16 juin 2005

Vincent FOUDA, journaliste-politologue, s'essaye au roman. ça donne "Dans le rétroviseur"

PAR DESSUS L'ÉPAULE



Vincent Fouda, journaliste-politologue, s’essaye au roman. Ça donne "Dans le rétroviseur".

Vincent Fouda, journaliste-politologue, s’essaye au roman. Ça donne "Dans le rétroviseur".
Il n’est pas question d’intrigue serrée comme chez Robert Ludlum (La Mémoire dans la peau), John Grisham (L’affaire pélican) ou Michael Crichton (Jurassic Park). Le lecteur n’aura pas non plus droit aux images saisissantes si chères à Jean-Christophe Grangé (Les rivières pourpres). Le roman de Vincent Sosthène Fouda, un texte de quelque quatre-vingt cinq pages soutenu par une édition soignée, est simple et digeste. L’auteur a beau avoir présenté son ouvrage en huit tableaux, la tentation est grande, de le lire d’un trait. La perspective de remonter le passé d’autrui, surtout quand il s’agit d’un homme qui a vécu plus de quatre-vingts ans comme c’est le cas du narrateur, présente un certain attrait.

Après avoir appris comment il a rencontré sa future épouse, on veut bien connaître les autres moments de sa vie qui ont sculpté leur marque dans sa mémoire, gravé leur empreinte dans son esprit, au point de modeler sa façon de désormais voir les choses, son regard à l’existence.

Comme bien d’autres auteurs, Vincent Fouda trouve en lui-même quelque matériau pour son roman. Aussi l’universitaire, le chercheur sont-ils très présents au fil des pages. Mais on découvre aussi un homme au fait des réalités de son temps : les questions d’immigration et la discrimination raciale en Occident, les problèmes liés au mariage, à la mort et au déracinement, etc. sont ainsi soulevés et présentés au lecteur, comme pour lui suggérer d’y méditer.

Au final, ce livre, qui ne fait ni dans le palpitant, ni dans l’érotisme facile, mais souffre de quelques légèretés de forme qui peuvent franchement choquer des puristes. Ainsi, des fautes directes ont échappé à la relecture. Comme quand Vincent Sosthène Fouda veut parler de " la langue de Vogélat " (au lieu de " Vaugelas "). Ou pour dire : " Mais les voix du Seigneur étant insondables ", là où il faudrait écrire " voies ". On préfère croire que c’est la secrétaire, en saisissant le manuscrit, qui a mal lu et glissé ces erreurs…

Alliance NYOBIA
Culture Archives, décembre 2003


Vincent Sosthène Fouda, "Dans le rétroviseur", novembre 2003, éditions Thélès, Paris, 86 pages.

16 juin 2005

Vincent Sosthène FOUDA and the paradox of the ivoirity

VINCENT SOSTHÈNE FOUDA AND THE PARADOX OF THE IVOIRITÉ
Alasane Ouattara sateless person!
Vincent Sosthène Fouda

What takes place in Côte d'Ivoire under the il amused by the various observers today, not well seen by a certain Ivory Coast political class and a pseudo society(non-trading company), deserves the reflection of all: journalists, political analysts and politicians, economists and teachers, politicians, leaders and religious dignitaries (Moslems, Christians and members of the African Traditional Religions), anthropologists and sociologists...


août 2004 • 15087 signes •  consultation libre

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The independences did not bring the peace, the prosperity, the freedom and the unity so hoped

While visiting Switzerland came to me the idea of a reflection on this subject. He reminds me that in this country lived numerous stateless persons, stateless persons, without country so, without earth(ground) of tie, chased by the father founder of the Nazism and his(her) followers. Maybe while visiting one of his(her) friends, Karl Jaspers, having found asylum in this country, without for all that found this peace of mind which lives in every human being reassured by his intellectual and physical affection in a given territory that Hannah Arendt realized, not without pain, of his(its,her) non-membership in a homeland? Yes for Blücher his friend, quoting a poem of Schiller, Hannah Arendt became " the foreign girl ", this light sheet(leaf) of palétuvier navigating according to the wind and having no place of fall or rest. " She had not been born in this valley: one did not know where from she(it) came, and as soon as she(it) went away one lost its track. Near her(it) one felt happy, all the c&127;urs dilated; however the majestic dignity took away any familiarity " (1).

What takes place in Côte d'Ivoire under the il amused by the various observers today, not well seen by a certain Ivory Coast political class and a pseudo society(non-trading company), deserves the reflection of all: journalists, political analysts and politicians, economists and teachers, politicians, leaders and religious dignitaries (Moslems, Christians and members of the African Traditional Religions), anthropologists and sociologists.

Everything has can be begun with a commonplace history of colonial conquest which lives the bravest as Samori to capitulate at the devastating force of the newcomer then got up the suns of the independences with their hopes and expectations, their cruelties and finally their despairs. Many threads and girls of the black continent woke up with the hangover, with this impression(printing) who live in those that see their thin hopes taken by those even to whom they dedicated all their hopes and in whom they placed all their confidence.

The independences did not bring the peace, the prosperity, the freedom and the unity so hoped. The myth of Africa inexorably close(plain) flew away as a bird would make(do) him(it) without leaving any track. Forty years later, any are there again to wonder how was it able to arrive?

Before one was able to answer the question, and the Elephant of Africa waddles(hesitates), staggers before collapsing, reached(affected) by the assegai of its most illustrious threads. Those that received formerly mission to tame the fire and to return it at home, to learn to bind(connect) the wood to the wood, to learn to win without being right as those made(did) him(it) exactly that formerly dominated us and overcame us.

Everything went so fast and today Côte d'Ivoire, seat of GDR ( the African Democratic Assembling), the oldest party panafricaniste, became earth(ground) of exclusion and inhumanity!



Shared responsibilities

If the politician Henri Konan Bédié set up the concept of ivoirité, this one was able to find an attentive ear only thanks to the media and to the journalists. In a country where the rate of schooling is lower than 40 % and where more than 65 % of the grown-up population does not know either to read or to write, the radio more than quite other media plays here a role of information, disinformation and socialization of foreground. The radio here blows out in the way of the journalists and the politicians the warmth and the cold. To show the importance which the radio occupies in the daily life of the populations in this part(party) of hungry Africa and illiterate, Francis Bebey asserts not without re-bites that " we believe in the radio because all whom(that) she teaches us is said to us to us, and not written in our intention, and that it corresponds perfectly to our African civilizations which are not civilizations of the writing but the spoken language ".

If the politician Henri Konan Bédié was of use to the Ivory Coast political world the concept of ivoirité, this one was able to reach the hearing and the nommable only thanks to certain unreliable politicians supported by anthropologists and other ethnologists who transformed the laboratories of search(research) and the pulpits of university into place of development of an ethnico-religious nationalism. Thesis in the support, the patronymic and the religion became in the space of some years a criterion of membership or non-membership in Côte d'Ivoire of him(her,it) after Félix Houphouët-Boigny. Côte d'Ivoire as several countries of Black Africa (Senegal, Burkina Faso, Cameroon) has the Moslem North: today the inhabitants of the city of Korhogo, Bouaké, feel excluded from the Ivory Coast political life which makes(does) of them, following the example of their door flag Alassane Dramane Ouattara the leader of the RDR, the non-native. Every day and emphatically, the North calls up to the secession, a strange scenario which is not without calling back(reminding) us the situation of the South Sudan (Christian) of the colonel John Garang against the Moslem North!

After his seizure of power in Abidjan, the general " dad Christmas " Robert Gueï of sad recollection but whose tragic end arouses questioning ( 2 ), in an interview(maintenance) granted(tuned) to our colleagues of The Cross of Wednesday , January 5, 2000 asserted with a lot of determination that certain political and fascist cynicism hid regrettably as " the natives of the Ivory Coast should not tear any more. People of the South as people of the North, catholic as Moslem should live in the found brotherhood, as in the time of Houphouët-Boigny ". And to add: " I shall make cancel " the laws tins " of the ex-president Bédié, notably on the ivoirité. Thousands of persons suffered from it. I do not want of that for my country ". Regrettably all these promises stayed there only in this stage(stadium) and one attended powerless in the birth of a political monster as the only one Africa knows how to make it. There was a revision of the Constitution which strengthened the theses of the ivoirité. In the final for the election of October 22, 2000, several candidates are eliminated from the journey(running) without visible reasons and among them the stateless person Alassane Dramane Ouattara and many other Moslem candidates and those susceptible to position how weighty challenger for the General President and the one that one made early present how a " mixture of Jaurès and Mitterrand "! Laurent Gbagbo.



The legislative: an election of excess

In a country where nothing is the fact of the fate, in December is that of the anger of the God or that of the anger of the Old man, but it seems impossible that it is the month of the end of the ethno-religious and nationalist ideology of the ivoirité. The general election divided again the ethnic and religious communities which populate Côte d'Ivoire. Some saw there the occasion to consolidate their membership in the pseudo Ivory Coast community whereas the others lost definitively any hope to have one day a country ( 3 ). They are ever stateless for ever, that is without territory of tie. For whom knows the anthropology and the African symbolism, it is to be the one the ancestors of which are not with ours, the one that nobody defends(forbids) in the " night games ", the one that lost his "shadow" or has never had him(it)! It is what is Alassane Dramane Ouattara! In front of such a judgment which summons(convenes) at the same moment the " power of the alive " here represented by the Ivory Coast Constitution, the Supreme Court and the President of the Republic, but also the " power of the deaths " represented by their silence signs of membership in the politics(policy) of exclusion organized by the Ivory Coast authorities, the African intellectual he can and he should again keep silent?

It seems to me that of all our forces, we should fight against this historic and symbolic revisionism conveyed by politicians without scruples. On Sunday , January 14, 2001 took place in the North of Côte d'Ivoire the general election to provide twenty six districts which, during the first tour of the legislative, had answered the watchword of boycott thrown(launched) by the main party of opposition, that of former(ancient) Prime Minister Alassame Dramane Ouattara. This suicidal politics(policy) of the president Laurent Gbagbo should call to every son of Africa and to every man been in love justice and peace. In political problem political solution, would dare to propose. Alassane Dramane Ouattara was excluded from the not democratic electoral process of Côte d'Ivoire by a political decision, today he returns to Laurent Gbagbo to take political measures to return the peace in this country which was formerly a haven of peace in ancient(former) French Western Africa. On January 13, 2001, regrettably, the president Laurent Gbagbo declared at the conclusion of a walking organized by his partisans that he " will bring down of the fire on the head of the rioters ". Force is to recognize that these statements(declarations) in the punch and proof of a primary political action can not return the peace in current Côte d'Ivoire.

In December 2001 saw opening in Abidjan the works of the Forum for the National Reconciliation. Only profit of this forum this day, the meeting among the four strong men(people) of the country. Henri Konan Bédié returned of his Parisian exile to try to collect the PDCI-RDA, the former(ancient) unique party. The General Robert Guéi agreed to return in Abidjan and to sit down at the table of negotiation. Alassane Dramane Outtara was able to get back to Côte d'Ivoire with for only ambition to prove that it is too son(thread) of Côte d'Ivoire. It is necessary us to greet this step(method) of the president Laurent Gbagbo which knew how to man&127;uvrer within its own party to advance the process of reconciliation. It remains however to notice that at this end of year 2002, Alassane Outtara is not always Ivory Coast, the Constitution will not be revised and the economic investors do not crowd in the doors of Abidjan, the situation degrades rather every day a little more.



The responsibility of Churches and various religious confessions

It(he) would be interesting to interrogate us on roles of the present various religious forces in Côte d'Ivoire. Indeed three big religions are present in Côte d'Ivoire and in ascending order the Islam, the Christianity and the African Traditional Religions. Both first are the best structured however and occupy an important place in the Ivory Coast political game(set). The third takes root in the ancestralité of the African companies(societies) so is not really absent in both first. One is however surprised with the silence of the important episcopal Conference of Côte d'Ivoire in front of all the dramatic events which lives the country. To understand(include) him(it), it is necessary to go back up(raise) to Félix Houphouët-Boigny's administration which leaned for a long time on the Moslem North to reign while maintaining him(it) in a state of underdevelopment. The first president went, for example , to official visit in the North of the country only twice during more than thirty years of administration! The North is connected with the capital of the country by almost totally impracticable ways in rainy season, the rate of schooling is the lowest of the country. Some present sanitary structures in the whole of the four departments which counts the North are in a state of incomparable decay. The South of the country on the other hand is Christian: it(he) benefited from all the generosities of the various powers which succeeded one another in Côte d'Ivoire since the independence. The State directly involved in the construction of religious buildings, cathedrals, the seminars and the other advice centers and the schools. Many natives of the Ivory Coast one kept(guarded) alive in their spirit which the father of Côte d'Ivoire offered by way of present to very young ordinant a vehicle! Is it by fear to lose all these advantages that the episcopal Conference of the country and the clergy in general remain silent in front of the disintegration of the already very fragile social link?

Besides the silence of the Ivory Coast clergy, it would be necessary to note that this one following the example of that of the whole black continent appears as simple devoid follower still of the legitimization which gives an appropriate(clean) original civilizing contribution, metic of a town and foreign institutions, this clergy, is not recognized as authentic representing of a symbolic authority of not partisan power. The political power in place in Abidjan sees in him the man of its clan, its tribe and its ethnic group, what installs(settles) in their relation a votecatching which disqualifies him(it) de facto. In front of this collusive silence and this attitude, the Islam becomes more radical and calls up to the secession of the North. Today, one has the impression(printing) that the country becomes identified with the Christianity and with the Catholicism in particular, the reason for which certain little informed observers the realities of the country do not hesitate any more to see in all these events a religious conflict. Today, Côte d'Ivoire is at the edge of the explosion and the solution is former(ancient) haven of peace can be towards(as for) the present religious forces in this.

1) Schiller, The foreign girl
2) The general Robert Gueï died on September 19, 2002 in Abidjan during an attempt of coup d'état with 19 member of his family. Towards the events everything lets believe that it(he) was purely and simply murdered what is against the theses developed by the power in place in Abidjan and instrumented by a stage setting of the various Ivory Coast media.
3) The attempt of coup d'état of September 19, 2002 shows a thing(matter) for every observer of the Ivory Coast political scene, it will be difficult for Mister Alasane Dramane Ouattara to be henceforth one.


Vincent FOUDA
Journalist - political analyst,
Researcher to the Institute of the Political Communication.

7 juin 2005

Vincent Sosthène FOUDA Politologue

Vincent Sosthène FOUDA, universitaire et écrivain camerounais

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"J'ai toujours adoré le parfum des livres, c'est un parfum qui me rappelle celui de la terre légèrement trempée. Pour moi, la vie serait certainement impossible sans les livres, sans ce parfum! Je dois tout aux livres, c'est en eux et avec eux que j'ai fait mes premiers voyages, c'est aussi grâce à eux que j'ai appris qu'il est possible d'immortaliser ceux qui nous ont marqué..."

On le surprend dans son bureau au troisième étage de l'Institut de la Communication Politique de Paris, rue saint Guillaume. Le parquet est jonché de livres, de coupures de journaux, il s'excuse et ramasse une brassée de livres sur la chaise réservée au visiteur et la range sur l'étagère. Vincent Sosthène FOUDA est à trente ans un homme qui court plus qu'il ne marche, entre préparation des cours de marketing politique ou de communication qu'il dispense, les nombreux articles qu'il rédige pour plusieurs revues et autres magazines, ses publications universitaires et aujourd'hui le roman, nous avons voulu savoir pourquoi une telle boulimie de la publication.

J'ai toujours adoré le parfum des livres, c'est un parfum qui me rappelle celui de la terre légèrement trempée. Pour moi, la vie serait certainement impossible sans les livres, sans ce parfum! Je dois tout aux livres, c'est en eux et avec eux que j'ai fait mes premiers voyages, c'est aussi grâce à eux que j'ai appris qu'il est possible d'immortaliser ceux qui nous ont marqué. Je pense notamment aux écrits de Marcel Pagnol qui me font penser à ma propre enfance, au milieu de mes sœurs, de mes parents qui m'ont tant donné.


Vous ne faites pas que lire, vous écrivez aussi…

Je suis journaliste de formation, et qui dit journalisme dit écriture mais il faut maintenant choisir quel genre d'écriture, j'ai commencé comme étudiant à rédiger des piges sportives puis j'ai écrit pour les magazines féminins, c'était plus facile comme étudiant de réaliser des interviews, j'ai pu ainsi vivre de ma passion. Puis je suis passé à autre chose, la rédaction des articles d'analyses et pour rester dans les livres je me suis essayé à la critique littéraire qui est un exercice fascinant qui vous permet de lire entre les lignes, de cerner le rythme d'écriture d'un auteur. C'est aussi à travers les autres, ces écrivains dont les ouvrages peuplent mon univers que j'apprends moi-même à écrire.


En novembre dernier, vous avez publié un ouvrage sur l'adoption?

Vaste sujet qu'est l'adoption ! les universitaires français marquent très souvent leur entrée dans le monde de la recherche en publiant leur thèse, j'ai découvert que ceci demande beaucoup de travail parce qu'il faut rendre accessible au grand public un travail de laboratoire alors j'ai choisi la méthode américaine, réfléchir sur un sujet tout autre, je suis passionné par la sociologie de la famille aussi est-ce sans surprise que mon premier ouvrage universitaire porte sur la notion de réussite ou d'échec dans la filiation adoptive. C'est un sujet d'actualité, les textes évoluent tous les jours, la société se métamorphose et nous impose un vocabulaire nouveau, un mode de pensée nouveau, le sociologue n'anticipe pas il suit, il analyse et livre la société telle qu'elle est avec ses doutes, ses angoisses, ses attentes et ses espoirs. C'est ce que fait cet ouvrage. Avec lui, je me suis mis la pression, je sais aujourd'hui que certaines personnes vont dans les librairies pour voir si j'ai publié autre chose entre temps, c'est excitant ! ça donne envie de travailler.


Etes-vous un homme qui vit dans l'angoisse et le doute?

Il n'y a pas très longtemps, j'ai découvert avec l'histoire qui est la mienne que je suis attiré par l'éphémère ! Les intellectuels que j'admire ont quitté la scène très tôt, ils n'ont fait qu'effleurer l'existence, comme si l'essentiel était ailleurs pour eux, je pense notamment à Simone Weil, David Diop. Je suis fasciné par la mort, cette absence de vie majestueuse, orgueilleuse, mais derrière cette fascination se terre l'angoisse existentielle, la peur de disparaître comme un vol d'oiseau sans laisser de trace. C'est certainement cette idée qui m'oblige à me faire violence tout en me faisant plaisir, prendre une feuille blanche et y laisser des traces avec un stylo, coucher sur une feuille des idées abstraites qui prennent une forme, la forme de la vie, le concret. Oui je connais l'angoisse et le doute.


Vous publiez pour cette rentrée littéraire votre premier roman déjà salué par vos pères comme « un des faits majeurs de cette rentrée », vous êtes avec la Sénégalaise Fatou Diome l'un des écrivains africains les plus cités dans le cercle de Saint Germain-des-pré. Parlez nous de la genèse de ce roman.

C'est une histoire banale comme il s'en déroule tous les jours dans les quatre coins de la planète, sauf que là elle ne passe pas inaperçue. Un vieil homme qui croit avoir tout donné raconte ce qu'à été sa vie à son petit fils, il lui parle du siècle passé, siècle dans lequel il a vu le jour, il jette, au soir de sa vie, un œil sur le siècle qui s'ouvre. C'est l'histoire banale d'un homme qui se veut d'ici, l'Occident avec sa carte d'identité, son monde universitaire, son petit monde d'africains en quête de vie, c'est aussi l'histoire d'un homme qui se veut de là-bas, de l'Afrique qui l'a vu naître, celle où reposent les siens. Mais ai-je vraiment parler de la genèse de ce roman? Dans le Rétroviseur est une interrogation sociologique sur le devenir de l'homme noir dans une société occidentale dans laquelle rien n'est fait pour qu'il ait une place. J'ai rencontré un jeune éditeur (Thélès) qui a bien voulu réunir toutes ces interrogations, je voudrais d'ailleurs lui dire merci. Alexandre Mare puisqu'il s'agit de lui dirige une maison d'édition à taille humaine, il vous pousse afin de donner le meilleur de vous. C'est important dans ce monde où la mondialisation oblige à ignorer ce qui se passe sous votre nez.


Vous sortez en même temps un ouvrage sur les médias et la politique en Afrique…

Autant je ne me considère pas comme un écrivain, je laisse volontiers cette place à ceux qui ont ce mérite, autant je pense qu'entant que chercheur j'ai le devoir de mettre à la disposition de la communauté scientifique les résultats des différentes recherches faites en Afrique dans des domaines divers et variés surtout que j'ai bénéficié de nombreuses bourses. Les Médias et la Politique en Afrique est un ouvrage de sociologie politique qui situe à partir des enquêtes de terrain les liens qui existent entre ces deux instruments de mobilisation et de socialisation que sont les médias et le politique.


Il y a une omniprésence du Cameroun dans vos écrits, quel rapport entretenez-vous avec votre pays d'origine?

Un rapport d'amour ! Tout ce qui touche au Cameroun m'émeut, tout ce qui touche au Cameroun m'intéresse. La mort de Marc Vivien Foé comme le décès d'une trentaine de jeunes camerounais au retour d'un match de championnat de vacances à Obala. C'est aussi les succès au quotidien de mes compatriotes dans le monde universitaire, dans le monde économique et j'en passe. Je suis d'une génération qui a un autre rapport avec la terre de nos ancêtres, expression qui revient dans l'hymne national du Cameroun, je suis un fils du père Engelbert Mveng à qui j'ai d'ailleurs dédié mon ouvrage sur les médias et la politique en Afrique noire. Je serai au Cameroun dans les prochains mois pour une signature de trois de mes ouvrages que je n'ai pas encore eu le temps de présenter aux lecteurs camerounais. Je compte aussi prendre des enseignements dans une université camerounaise bientôt. J'ai une dette envers mon pays et je ne crois pas être le seul dans ce cas.


Pour terminer, je vous demanderai de nous dire si vous avez un livre de chevet?

(…) Les Essais de Montaigne, j'aimerais comme le maire de Bordeaux passer mon existence mouvementée sans fracas, mais je sais aussi que je ne serai jamais l'auteur du bréviaire des honnêtes gens de mon pays. Le plus important pour moi c'est d'avancer non pas en eau trouble ! non vers la terre ferme et dans le visage triste d'un enfant y mettre un peu de joie.


Sébastien Barre de Mons
Le Républicain du Nord


Ouvrages de Vincent Sosthène FOUDA évoqués dans cet entretien:

- Notions de réussite et d'échec dans la filiation adoptive: analyse juridico-sociologique L'Harmattan, oct. 2002

- Dans le rétroviseur (roman) Editions Thélès, oct. 2003

- Les Médias face à la construction de l'Etat-Nation en Afrique Noire: un défi quotidien au Cameroun, tome 1, L'Harmattan, oct. 2003

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